"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Novembre 2011

Le tocsin des Austères.

  Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Salut Zapat’, adieu Berlu, Il semble que la période des grandes migrations soit, cette fois, bien entamée en ce qui concerne la faune politique. C’est pourtant sans grand enthousiasme que l’Espagne se débarrasse de Zapatero et ses sbires, lors d’une élection dont le principal intérêt fut une abstention de masse —fait dont les medias se gardèrent bien de se faire trop l’écho, ça risque de donner des idées aux Français. C’est que l’Ibère est rude, et à voir les têtes d’enterrement que tiraient, ce dimanche, les passants dans les rues de Madrid, on ne pouvait douter qu’ils savaient par avance qu’avec le père Rajoy ça sera pas la joie. Sur le plan économique, les coups de bâtons vont pleuvoir comme grêle sur frêles épis, et d’aucuns s’inquiètent également de ce que cette droite bien con-conservatrice ne revienne sur le droit à l’avortement, et le mariage des homosexuels. D’emblée, la volonté de « renforcer le droit à la vie » figure dans le programme du PP, désormais au pouvoir. Il est clair qu’en termes de mesures anticrise, brider le droit à l’avortement et supprimer le mariage gay s’impose, de toute urgence ! A se demander si nos amis espagnols n’ont pas voté avec, en tête, cette haute considération: quitte à être dans la merde, autant s’y vautrer tout entier.
     A Rome, la rue se voulait moins tristouille quand la Berlu jeta l’éponge. Pour tout dire, on y a fait péter les bouchons, histoire de fêter dignement le passage à la trappe du transalpin bouffon. L’autruche, cependant, perd un client de taille, une belle source d’inspiration. Et, comme par mesquine vengeance, c’est en silence qu’Il Cavaliere est descendu de son trône, pas une déclaration, pas un dernier bon mot, pas la moindre petite blagounette misogyne ou raciste, rien, rien à se mettre sous le bec, qu’on aurait pu reprendre ici ! C’est triste. Comme un ami qui part et oublie de vous dire au revoir. D’autant que son remplaçant —autre sire à la triste mine— semble bien moins tonitruesque et bounga-bounga que le Silvio. L’heure est à l’austère, n’est-ce pas, qui sonne le tocsin. Mais ne boudons pas notre plaisir et, comme l’immense majorité des Italiens goutons, à sa juste valeur, ce moment qui vit s’achever la berlusco-pantalonnade.
     Dans l’hexagone pareillement, il n’y a pas que des mauvaises nouvelles : il se murmure, ici ou là, que l’imbitable Eric Besson s’apprêterait à mettre fin à sa carrière politique, ou ce qu’il prenait pour tel. Mais c’est Noël avant Noël !... Attention, rien n’est encore sûr : il faudrait qu’on le pousse un peu. Quoi qu’il en soit, pas d’inquiétude quant à l’avenir de Besson-brero. On le recroisera, à coups-sûrs, à la tête d’une agence Securitas, ou d’une quelconque meute de vigiles.           
     Mais plutôt que sur ces révolutions de palais dont on ne dira jamais assez qu’elles sont menées par Blanc Bonnet au détriment de son complice, c’est vers l’Egypte que devrait se porter nos regards, l’Egypte, qui nous avait fait craindre le pire en confiant l’avenir de sa révolution à l’armée —un mal nécessaire pensent certains, un contresens total, je dis moi —, et désormais contrainte de reprendre les armes, les cailloux, les bâtons, pour enfin s’en débarrasser, craquer le militaire furoncle. Et la Syrie ? Oui, la Syrie. Où sont-ils, nos flamboyants, les Juppé et les BHL, tous nos Glorieux Vainqueurs de la Campagne de Lybie ? Où sont-ils, en congé? Sur la Syrie, ils ne pipent. C’est qu’en période de crise, vous expliqueront les pédants, il convient d’éviter les fâcheries avec les Russes et autres chinoiseries, alliés patentés de Bachar-le-dévoreur. Ou va se nicher, hein, la subtilité en matière de géopolitique, dès lors qu’il est question de créances, sonnantes et trébuchantes. Le peuple Syrien et ses espoirs seront-ils sacrifiés sur l’autel du pragmatisme économique ? Rien n’est aussi certain.
     Dans le registre des sacrifices, nos grands hommes ont aussi leurs (tout) petits soucis : ainsi fut-il, il y a peu, décidé de geler les salaires des ministres, et du Président en personne ! Diantre, morbleu, le bel effort ! Ecoutons dame Morano : « on dit que c’est symbolique, moi je dis que c’est exemplaire. » Allons plus loin : c’est héroïque. Sachant qu’un ministre, en moyenne, palpe 14 000 euros par mois, et se souvenant que Sarko s’était, dès 2007, auto-augmenté de 170%, on mesure assez bien la hauteur du sacrifice.
     Sacrifice toujours, mais d’une autre nature : ceux concédés par les Verts, lors de l’accord passé avec le Ps. Flamanville verra donc finalement le jour, et nombre de centrales continueront de cracher leurs pestilences, sur des années. En échange, les circonscriptions accordées à nos écolos flagada leur permettront, à terme, d’avoir un groupe parlementaire. C’est rien de dire qu’on est content, absolument ravis pour eux, pour leurs fesses cramoisies de suffisance à l’idée de s’enfoncer dans les sièges coussinés de l’Assemblée nationale. Faire de la politique autrement, qu’ils disaient. Ha ha ha !, triple ha pour eux!
     Pour finir, petite précision : à moins d’extravagances ou de péripéties parfaitement saugrenues, qu’on ne compte pas sur l’autruche pour tenir, dans les mois qui viennent, une manière de journal de la campagne présidentielle. C’est pas le tout d’être abstentionniste consentant, en pleine possession de ses moyens intellectuels —bien sûr que ça existe, tas de voteux bêlants !—, encore faut-il, parfois, savoir s’abstenir, et y compris de commentaires. Dit plus simplement : la campagne, c’est vraiment trop chiant. On plongera bec et plumes ailleurs, d’autant plus qu’on se doute un brin, ceci quel que soit le résultat de la mascarade électorale, de la couleur de l’avenir. Un exemple ? Dans le Colorado, et afin de boucler le budget des écoles, les bulletins de notes sont désormais accompagnés de publicités. Always Coca-cola, les jeunes.
 
                                                                                                  Frédo Ladrisse.    



Chat perché chez les putes (portrait de Françoise Hardy)

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Coup de torchon sur Cannes et son G20 de misère noire, non mais quel diable a pris ce Grec de Papandréou ! Ça tonne, et ça menace. Voilà un type au nom de personnage tiré de l’album Tintin et la dette, et qui se dit, comme ça, bon, nous sommes une démocratie, on va demander l’avis du peuple. Comment, quoi, qu’ouïe-je ??, brament en cœur Sarkozy Merkel le FMI et Obama. Imaginez : referendum. Imaginez que ça fasse comme un genre de jurisprudence en Europe, qu’aucun nouveau plan de rigueur ne puisse plus être décidé sans l’approbation, franche, du peuple. Vous êtes cinglés, ou quoi ? C’est l’anarchie que vous voulez ? Fort heureusement, les grands de ce monde veillent sur notre tranquillité. A l’heure où s’écrivent ces lignes, le projet de referendum en Grèce est quasi mort et enterré, tellement furent efficaces les pressions, les menaces, et autres coups sous la ceinture. Oublié, donc, le « coup de folie de Papandréou», comme l’appelait une journaliste de France Inter, ce jour, journaliste qu’on ne saurait, dès lors, soupçonner de sympathie à l’égard de cette « folie » qu’est la démocratie, la vraie (si l’autruche n’a pas eu le temps de noter le nom de cette garce, elle se promet de le retrouver.) Aussi, Sarko a mis le paquet — c’est quoi ce bouffeur de moussaka qui vient me gâcher MON G20 ? Ultimatum contre referendum, en somme, l’ultimatum étant pas d’argent pour la Grèce avant le referendum. Et na. Au reste, comme le soulignait l’imbitable Jean-Claude Juncker, élu européen et Luxembourgeois de surcroît, « on ne peut pas faire le bonheur des Grecs malgré eux. » Elle est bonne. Acide, mais bonne. Amer, également, la pilule, même pour un Papandréou non-susceptible de naïveté, et qui ne doutait pas qu’il allait se faire flinguer direct. L’Europe est ainsi faite, mon gars : vouloir rendre le pouvoir au peuple, c’est pur suicide. Mon gars.
     Dans le rôle du flingueur en chef, on trouve naturellement Sarko. Faut dire que Sa Majesté avait pris le soin, six jours avant, de nous expliciter par le menu à la téloche comment sa petite personne avait sauvé l’Europe et, au-delà, le Monde —et ce Grec de malheur qui vient lui casser son coup, pfff… « à la minute où j’parle », a commencé le nain,… à la minute ou que tu parles, quoi ? A part Jean-Pierre Pernault, brosse à chaussure entre les dents et suant à grosse gouttée tellement il est impressionné d’être en direct live avec toi, je vois rien, moi, il se passe nada. Enfin, not’président délivre LA solution pour sortir de la crise : « plutôt que de s’énerver contre les agences de notation, remboursons notre dette, travaillons plus, travaillons plus ! » Quel talent, non ? Une fois passée la nécessaire allusion à la petite sarkozette venue récemment au monde — « elle va bien, elle va bien ? », se précipite alors Pernault, plus caniche que jamais —, le papounet nouveau cogne un peu au hasard, dans un Français aléatoire : « regardez mes prédécesseurs, qu’est-ce-que vous vous souvenez d’eux ? » Sic, sans tricher : sic. Enfin, comme un lapsus, cette révélation : « j’ai beaucoup aimé diriger les policiers et les gendarmes. Ce sont des corps admirables. » Petite cochonne, va…
     Et les pompiers alors, ils ne le sont pas, admirables ? C’est eux, pourtant, qui ont sauvé la collection de fouets que Philippe Val avait acquis durant ses longs voyages en République Démocratique d’Allemagne, collection qui dormait dans une armoire grise, au second étage de Charlie Hebdo. Ça sent le cramé, et c’est pas top. Mais nous sommes quelques-uns à ne pas nous précipiter sur l’épouvantail islamiste, on ne sait rien de qui a foutu le feu, on apprendrait dans quelque mois qu’il s’agit d’un membre allumé de Riposte Laïque ou d’un groupuscule très droitier qu’on ne serait qu’à moitié étonné. Pour l’heure : Charlie, journal Strauss-Kahnien en diable, qui avait appelé à voter Oui au referendum concernant la constitution européenne, Charlie, qui applaudit l’action de la France en Afghanistan, en Libye ; Charlie et son mentor de Val, plus soc’dem que lui tu finis par voter Bayrou, Charlie, donc, voit partir en fumée ses stocks de tee-shirts et pins. Et? Perso je m’en tamponne grave les plumes, la semaine dernière un squat de Rroms a brûlé, faisant un mort lors d’un incendie volontaire, et sans qu’aucun journalophile ne s’en émeuve plus que ça. Elle fut cependant rigolote, cette course à l’échalote qui vit se précipiter les rédactions « amies », à seule fin d’accueillir l’équipe de Charlie Hebdo. Du Nouvel Obs’ à Rue89, ça se précipitait à la porte des lamentations. Finalement c’est Libé qui remporta le marché, oui on a bien dit le marché, tellement le coup de pub est pas cher et peut rapporter gros. Soulignons, au passage, l’humour de Patrick Pelloux, l’urgentiste de ces dames et vacataire chez Charlie qui, découvrant que Libé travaillait sur PC, déclara « bon bin moi, je vais au Figaro. » Sacré velu médecin, va !
     Vous avez dit les Rroms ? Parlons alors un peu des Rroms en compagnie d’Arno Klarsfeld, ex avocat, ex beau gosse, ex fils à son papa et ci-devant président de l’office de l’immigration (nommé par Sarkozy, comme de bien entendu). Que dit-il, l’Arno ? « Il faut que le peuple Rrom prenne en main son destin, qu’il fasse moins d’enfants, surtout si c’est pour les livrer après à la mafia. » Beuark. Le petit trou du cul entend-il appliquer le programme nazi, et stériliser les tziganes ? Plus tard, Arno vole au secours de son copain Guéant : « le ministère de l’intérieur ne peut pas laisser proliférer des bidonvilles, avec des rats partout, heu, au cœur de Paris. » Re-beuark, et que celle, celui d’entre vous qui a croisé un campement Rrom « au cœur de Paris » n’hésite pas à nous faire parvenir des photos. Scoop assuré. Une dernière, de l’Arno toujours ? Il s’en prend, là, aux clandestins : « on ne peut pas venir en France, inscrire son enfant à l’école et dire hop !, chat perché, maintenant il faut me régulariser. » Vient, Arno, vient on joue au chat, histoire que je te mette, une bonne fois pour toutes, un bon coup de bec au cul, non mais !
     L’ire du volatile se partage néanmoins cette semaine entre Klarsfled fils et Dsk. Ce dernier, à bien y penser, contrairement à l’Arno est plus ridicule que dangereux. Il reste, cependant, tout aussi méprisable : mis en cause dans l’affaire d’un réseau de prostitution, Strauss-Kahn, consommateur, s’est défendu en répondant « je ne savais pas qu’il s’agissait de prostituées. » Continue, mon vieux beau, à te foutre de notre gueule, va… Il est tellement enterré le vieux que même Lang et Fabius n’osent plus prendre sa défense, c’est dire.
     Puisqu’on parle de putes, finissons par Françoise Hardy : la radasse des sixties à la masse genre vieille fan de l’astrologie de boulevard, à la question de savoir quelle serait sa première décision si elle était premier ministre, répondit et sans hésiter: « supprimer l’ISF. » On est jamais si bien servi que par soi-même, hein la pétasse.


                                                                                                Frédo Ladrisse .  
 
    

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