"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Juillet 2010

Tir au poulet, nazebroques et autres trouducs sans avenir

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Le feuilleton de l’été n’en finit plus de dérouler sa pelote nauséabonde sous mon nez qui, bien que délicat, est à peine surpris par une telle fétidité, dès lors qu’elle émane de cette aberration qu’on nomme ministère du travail (à quand un ministère de la schlague et du tripalium ?) Woerth, donc, l’homme au nom de gâteau bavarois, eut à peine le temps de souffler, de se dire « enfin blanchi » par les pauvres quinze pages du rapport fourni par les services de Bercy —autrement dit par ses copains—, de s’avouer « énormément soulagé », d’ajouter « je me sens un peu mieux, enfin on me croit ! » que patatras : quelques garde-à-vue plus tard, le voilà lâché par ce fayot de Patrice de Maistre, gestionnaire de la macrofortune Bettencourt, de Maistre, qui a mangé son chapeau le ruban y compris en avouant avoir embauché la femme du ministre sur demande d’icelui. Woerth, bien entendu, et comme à son habitude, nie. « Ma femme a rencontré son patron dans le cadre de son ancien travail », s’est-il défendu, « c’était dans une banque. » On ne saurait, sur ce dernier point, remettre en question la parole de ce Pinocchio de compétition : les banques, il semblerait que madame y passait ses journées. Il n’empêche que son ministre de mari ne décolère pas : « on est totalement dans le surnaturel », s’est-il exclamé l’autre jour. Pas faux non plus : dans cette affaire, La quatrième dimension et autres X-files sont depuis longtemps enfoncés. Un autre exemple ? Interrogé sur sa possible démission du poste de trésorier de l’Ump (car, aussi curieux que ça puisse être, Woerth-le-pied-nickelé occupe toujours cette fonction), il a répondu : « je verrai. Je vais y réfléchir. » Autrement dit Sa Seigneurie fera selon son bon plaisir, et vous pisse à la raie, manants !


     Puisqu’on nage en pleine délinquance, écoutons ce qu’en dit Horte-boute-feux, le Filochard du Sarkoland : « il y a une réalité simple et claire dans ce pays : les voyous et les délinquants n’ont pas d’avenir, car la puissance publique finit toujours par l’emporter. » Songeait-il, en cette sotie, à son collègue Woerth autrement appelé Ribouldingue ? Que nenni. Hortefeux-de-paille parlait de Grenoble. De Grenoble, il parlait, entouré de tout ce que la puissance publique compte en matière de spécialistes de la guéguerre urbaine et autres brigades anti-émeute. Grenoble, ces temps-ci, semble être leur nouveau terrain de jeux. Depuis que Karim a été abattu par les flics — il venait d’attaquer un casino de la région, ce qui, bien entendu, mérite la peine de mort —, le quartier de la Villeneuve est le théâtre, comme disent les cons, de scènes d’une rare violence, comme les appellent les nazebroques. Comme c’est désormais la coutume depuis Villiers-le-Bel (voir plus bas), les cognes se plaignent d’être la cible de « tirs à balle réelle. » Eux débarquent Famas à l’épaule, prêts à viser les têtes, mais aimeraient que les mômes en face ne soient armés que de sarbacanes. Ce que veulent les poulagas ? Dégainer sans danger, mitrailler tranquilou à l’abri de leurs véhicules blindés. Ce qu’ils veulent aussi, c’est la guerre, en finir une bonne fois pour toutes. Ainsi Brigitte Julien, directrice là-bas de la sécurité publique, déclarait que « la nuit, l’objectif est de faire des prisonniers. » Non pas de procéder à des interpellations, mais bien de faire des prisonniers. Comme à Bagdad, quoi. Or, c’est de notoriété publique, quand on parle de faire des prisonniers c’est pour, un peu plus tard, s’autoriser à ne plus en faire. Vas-y Rambo, no prisoner ! 


     Rambo, dont le cœur bat sous tout ce qui porte l’uniforme, était-il également en faction sur le barrage de gendarmerie, du côté de Saint-Aignan ? Quoi qu’il en soit c’est là que fut tué Luigi, 22 ans, un jeune appartenant à la communauté du voyage, comme disent les trouducs, après qu’il eut refusé de se soumettre à un contrôle, car il conduisait sans permis — ce qui, bien entendu, mérite aussi la peine de mort. Bon, d’accord, ça a un  peu énervé ses copains — ils s’emportent pour un rien, ces gens-là, du voyage —, ils ont débarqués à cinquante dans la riante bourgade, attaqué la gendarmerie, défoncé une vitrine, tronçonné trois tilleuls et mis à terre quelque feux de circulation. Pour Philippe Galli, le préfet, ces incidents « ne seraient pas complètement fortuits », et risqueraient même d’être liés à la mort du jeune homme. Mazette, quelle capacité de déduction! Quoi qu’il en soit, devant un tel déchaînement de violence — comme disent les bâtards du 20heures—, le général de réserve Mignaux décida de déployer dans la commune rien moins que 300 gendarmes, rambo-isés à mort. La chasse aux voleurs de poules va pouvoir commencer.


     On attendra, pour sonner le cor, que le décidemment suractif Hortefeux-de-broussaille soit venu faire son petit tour sur place, qu’il ait feint d’écouter très attentivement et devant les caméras la souffrance des gendarmes du cru — lesquels, lors des évènements, se sont tout de même fait voler un tuyau d’arrosage —, puis qu’il ait déclaré devant le clocher que les voyous, dans ce pays, n’ont aucune chance à part Woerth, avant de remonter dans son Supercopter direction les Seychelles, le soleil, les vacances, la mer. Bon repos, Hortefeux-nouillard !


     Et pendant que le rouquin bronze —que mille cancers de la peau brunissent sa carcasse !—, d’autres croupissent à l’ombre, pour quelques années : le 4 juillet dernier, les cinq inculpés suite aux émeutes de Villiers-le-Bel, écopaient d’un total de quarante ans de prison, ferme et sursis compris, avec des peines de ferme s’échelonnant de 3 à 15 ans. 15 ans de tôle, pour avoir soi-disant tiré sur la poulaille. 15 ans, alors qu’il n’y a pas eu un mort. 15 ans, à la suite d’un procès mené à charge, devant une salle peuplée de policiers ricanant, et avec, pour seule preuve, quelques témoignages sous X, ce qui est bien pratique. C’est qu’il fallait faire des exemples, la maison poulaga réclamait de voir tomber des têtes après s’être couverte de ridicule en chiant dans leur froc sous le feu d’une chevrotine. Le trouillomètre à zéro, ces pleutres exigent désormais de n’affronter que des voleurs préalablement désarmés, parce qu’une décharge de gros sel dans le cul ça peut faire bobo au policier fessu. 15 ans fermes, pour un tir. De quoi vraiment regretter d’avoir raté sa cible.


     De combien écoperont les flicards meurtriers de Karim et Luigi ? D’un blâme, d’une mise à pied ? Mise à pied, certainement pas, ça risquerait de déplaire aux syndicats de keufs. Une remontrance, peut-être ? Attention à n’être pas trop dur, c’est sensible un poulet. Ou alors ils seront mutés quelque part dans le 93, à Villiers-le-Bel pourquoi pas, ce qui passera pour une sanction mais qui au moins leur permettra de s’exercer au tir sur cibles mouvantes et arabe, ou du voyage, de préférence.


        


                                                                                           Frédo Ladrisse



Ne pas désespérer Bettencourt

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? L’hallali sonne par vaux et monts, sus à la presse, mauvaise fille, ayant eu l’audace de s’attaquer à Woerth l’avorton rejeton pur sauce bling bling et Fouquet’s party d’un sarkozystan décadent, lapalissade dites-vous ? Certes. N’empêche qu’on entendit, de la part de Xavier Bertrand, ci-devant secrétaire général de l’Ump, parler des « dérapages très graves » des « méthodes totalement antidémocratiques, des méthodes fascistes » de la presse et des journalistes. Morbleu, diantre, république en danger sous prétexte que Médiapart  se penche sur le financement du premier parti de France, et, accessoirement sur celui, lui plus obscur encore, de la campagne de Sarkoléon ? D’où : le fascisme est à nos portes, ni plus, ni moins. Si, plus : pour la mère Morano, poule pondeuse de la loi Hadopi, l’affaire Woerth-Bettencourt n’est qu’une « opération visant à renflouer les caisses du site d’information, parce qu’ils ne sont pas à l’équilibre financier. C’est une stratégie de l’abject », a déclaré celle qui, il y a quelques mois, demandait aux jeunes des quartiers de ne pas parler verlan, et d’arrêter de mettre leur casquette à l’envers. Morano, l’abject, si elle en parle, c’est parce qu’elle le fréquente, de long temps. De son côté, l’abject Raoult supposait que le site en question « pourrait être implanté à Cuba», avant de dénoncer « des méthodes collaborationnistes. »  On appréciera, comme il se doit, le conditionnel de circonstance en ce qui concerne Cuba, de même qu’on attendra, sans réelle impatience, le ministre ou le responsable qui se lâchera jusqu’à traiter de terroriste quiconque, journaliste, juge, simple quidam, osera s’interroger sur la provenance de fonds ayant échoué, comme par mégarde, dans le portefeuille de not’président. Mais dans l’offensive générale menée par le pouvoir contre ce qu’il reste de médias dits libres, le caporal Lefèbvre, Frédéric, décroche une fois encore la palme du ridicule achevé. Le voilà, le triste sire, signant dans France-soir un papier sobrement titré « J’accuse » (laissant accroire par là qu’entre Dreyfus et Eric Woerth, il n’y aurait pas, comme ils disent, l’épaisseur d’une feuille de papier-cul). « Dans quelle France vit-on », commence à se demander le pitbull de service, avant de préciser : « j’attendais qu’une voix s’élève contre ce torrent de boue, mais l’attente est trop longue, alors je le fais, moi. » Et le boueux d’enfiler ses bottes, avant que de sortir la pelleteuse : « cette alliance d’une opposition rageuse et sans idées, et de certains médias aux relents d’extrême-droite et de trotskysme veut mettre à bas les principes qui fondent notre société. » Au final, pour l’égoutier, les médias en question ne seraient jamais qu’ « un nid de postrévolutionnaires en retraite. »  Diable ! Qu’on embastille Plenel, et vite ! N’avait qu’à pas s’en prendre aux véreux, affairistes, aux politico-fricailleux. Fort heureusement, Lefèbvre veille sur la gamelle, et bon en clébard à pépère il s’empressait, au lendemain de la présidentielle télévisuelle allocution, de lécher avec abondance les talonnettes de son maître : « dans un monde politico-médiatique qui a perdu sa boussole, il est important que le Président puisse indiquer le nord. » Pour l’heure, Sarko serait plutôt à l’ouest, qui pensait convaincre son monde avec des sorties telles que « dans la vie, il faut toujours être honnête. » Ah ah, mais qu’il est drôle. Néanmoins sa pauvre tentative d’étouffement a fait, comme disait l’autre, pschiiit,  et n’a pas ralenti le rythme de ce qu’il faut bien appeler une affaire d’état, de ces affaires qui, aux Etats Unis, au Royaume-Uni, provoquerait en moins d’une semaine la démission de Woerth, tout ministre qu’il fût. Mais nous sommes en France, n’est-ce pas. Même si l’argent est en Suisse.


     A propos : avez-vous succombé à la curiosité d’aller voir combien gagne, à peu près, la première contribuable de France? Curiosité trotsko-lepéno-malsaine et boueuse, dirait assurément Lefèbvre. Curiosité que j’ai donc eue. Sans parler de sa fortune propre, estimée, à la louche, à 20 milliards d’euros, dame Bettencourt encaisse, en dividendes divers, la bagatelle de 34 millions d’euros mensuels, oui j’ai bien dit : mensuels. Soit l’équivalent de 25 355 Smic. Mensuels. Mais chut, ne dites pas à la dame que c’est un peu beaucoup pour une seule et même personne, vous risqueriez de la chagriner, de désespérer Bettencourt : en filant ses enveloppes à la clique du Sarkoland, elle pensait donner aux pauvres et faire œuvre de charité.


     Désespérée elle l’est peut-être, depuis qu’elle a trois enquêtes aux fesses, et Woerth idem, qui n’en peut mais : « je suis outré, outré ! Maintenant ça suffit, ça commence à bien faire ! » glapissait, en début de semaine, Eric Woerth autrement appelé par ses amis mafieux mais néanmoins admiratifs « Le Collecteur de ces Dames. » Il perd ses nerfs, le magouilleur. Il devrait pas. Il devrait, comme tout un chacun, faire confiance en la justice de classe de son pays.


    Pendant ce temps, rue de Solférino, on s’inquiète quelque peu: c’est pas le tout de cogner à bras tout raccourcis sur Woerth, encore faudrait-il être sûr que le nouvel hymne du PS devienne, cet été, le hit des campings. « Tourner la page », ça s’appelle. On ne sait qui a eu l’idée, saugrenue, de cette ritournelle, mais ça dit par exemple « il est temps, il est l’heure, de voter passionné, optimiste ! » J’en ris encore, aux larmes (1). Même Manuel Valls, de la maison, marmonnait l’autre jour sur un ton un brin dépressif « cet hymne, bon disons qu’on va vite l’oublier. » C’est effectivement déjà fait.


     Quittons un temps le registre des bouffonneries qui lassent, et penchons-nous, bien circonspects, sur une mesure annoncée il y a peu par Hortefeux-nnec et qui, très curieusement, passa quasi inaperçue. Le ministre de l’intérieur a ainsi décrété que « les étrangers qui présentent une menace à l’ordre public » et qui sont « l’objet d’un recours qui empêche leur expulsion » se verront « désormais obligés de porter un bracelet électronique. » Suffisait d’y penser, en fait. A quand la puce RFID incrustée sous l’ongle de l’étranger, cette menace ? Si cela pose quelques questions d’ordre déontologique, voire simplement juridique, peu importe, on les contournera : dans la même déclaration Hortefeux-nouille justifiait ce port de bracelet par le fait de vouloir « aller plus loin dans la lutte contre le terrorisme. » Antique ficelle me direz-vous, que cette histoire d’antiterrorisme estampillé vichypirate, corde usée de long temps mais dont on voit qu’elle sert encore, et, bracelet ou pas, serre toujours les mêmes collets.


     Autre collets serrés : les Rroms du campement du Hanul, à Saint-Denis 93, expulsés le 6 juillet dernier, à l’aube et violemment. 150 personnes jetées hors de chez elles. A celles qui exigeaient des flics qu’ils montrent l’avis d’expulsion il fut répondu, sic, que « c’est dans les films que ça se passe comme ça. » Encore une bonne raison de préférer, parfois, la fiction plutôt que certaine réalité… Immédiatement après commençait le balai des pelleteuses et autres déblayeuses, concassant en un même mouvement habitations et affaires personnelles. Le Hanul était un symbole, plus ancien campement de la région, et le préfet fraîchement nommé — ex directeur du RAID, nous en avions parlé ici —, ne s’y est pas trompé : « le 93 ne tolérera plus aucun campement de Rroms », a tonné notre superkeuf. Donc on fait quoi ? On les parque dans de pseudo-« villages d’insertion », pauvres alignements de caravanes surveillés par chiens et vigiles, comme à Saint-Ouen il y a deux ans ? Ça devait durer huit mois, le temps de trouver « une solution ». Les familles y sont encore… Façon de dire que le préfet, tout Robocop qu’il soit, rêve debout : des campements il y en aura d’autres, dans le 93 et ailleurs, et ce n’est pas demain la veille que son pote Hortefeux-d’artifice leur collera un bracelet, électronique ou pas. Ni collier ni laisse pour les Rroms qui, si ils ignorent certaines choses, sont par contre, eux, certains de n’être pas des chiens.        


                                                                                               Frédo Ladrisse              (1) Le PS à la rose, c’est là : hymne PS 2010



« Va te faire enculer, sale fils de pute »

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? L’autruche ne peut que s’étonner de trouver en la bouche d’Anelka, Nicolas, preux représentant de la gente footballistique tricolore tricotée en laine de panda, — c’est que les maillots, dès lors, ils grattent, et alors bin on perd les matchs—, de trouver, donc, en cette bouche de multimillionnaire gavé d’or et sponsors, des mots d’une vulgarité presque aussi écœurante que le classique  « casse-toi, pov’con », de sinistre mémoire. Rentrés à la maison le ballon entre les jambes, les bleus n’auront jamais autant mérité leur surnom. Des bleus c’est sûr, de la bleusaille, bande de sales gosses goutte au nez et comptes en banque par trop fournis. Mais le pire est ailleurs, est assurément moins  dans cette nouvelle défaite anticipée de long temps et dont on se fiche comme d’une dinde, le pire est de les entendre, si on peut dire, s’exprimer. On s’épargnera la douleur de retranscrire ici les borborygmes de Ribery, lequel trébuche tel un primate toutes les deux syllabes et quart, par contre on ne se refusera pas le délicat plaisir de citer Patrice Evra, ci-devant capitaine de la piteuse équipe: « la France a besoin de savoir la raison de tout ce désastre, mais l’heure c’est l’heure du grand pardon à ces millions de Français à qui ont a fait du mal. » Sic. Autre sic, côté politique, émanant de la gourde Bachelot qui s’est fâchée tout bleu : « rien ne sera plus comme avant, je l’ai dit aux joueurs. J’ai vu leurs yeux, je leur ai dit : c’est l’image de la France que vous avez terni. Ils m’ont applaudi, et ils ont pleuré. » C’était assurément de rire. Plus tard, sa copine de classe Rama Yade, secrétaire d’état aux sports comme moi je suis artisan boucher, en rajoutait dans la menace : « voyez la Marseillaise, eh bien, les joueurs, il faut qu’ils la chantent, la Marseillaise ! » Et pendant que la glamourgirl préférée du Sarkozystan entonnait le cinquième couplet, Domenech, sans scrupules, refusait de serrer la main du sélectionneur sud-africain. Et refusait d’expliquer pourquoi, lançant aux journalistes qui l’interrogeaient à ce sujet « si c’est la seule question que vous avez à me poser, je vais vous laisser : on n’est pas dans le même monde ». Pas dans le même monde, c’est clair, c’est même la seule et unique chose qui, dans ce bordel, soit un peu claire. Joueur mauvais sur le terrain il y a une vingtaine d’années, on découvre que Domenech est également mauvais perdant. Que la peste bubonique et le choléra des poules l’emportent !
 
     Autre sélectionneur aux mœurs identiques : Philippe Val, lui aussi, ose tout. On évoquait sur ce blog la semaine dernière les menaces qui pesaient sur Guillon et Didier Porte, impénitents bouffons dans le collimateur du directeur de France Inter. Bonne fille, l’autruche n’imaginait pas que Kim-Il-Val ait le culot de débarquer les deux, pensant qu’il virerait Porte d’abord, et patienterait un peu avant de se manger Guillon. Que nenni : dehors, tous les deux. Mieux, sieur Val, ex-directeur d’un Charlie Hebdo devenu sous sa présidence la paillasse qu’on sait — un genre de Hérisson, le papier vert en moins —, s’abritait derrière le paravent de la direction générale, en la personne de Jean-Luc Hees. Hees, placé là par Sarko, jure ses grands dieux que ces évictions n’ont aucun fondement politique, non, promis juré et crachin, c’est juste que « l’humour, le matin, ça ne marche pas. » Haha, quel drôle que ce Hees. Qui, d’Hees ou de Val dessinera la grille de rentrée de la station, l’histoire ne le dit pas. On peut cependant parier qu’en cas de défection de Bigard, occupé à se filmer la bite, les humoristes droitistes et machistes et libidineux — Chevalier, Laspalesse, ou autres Chevaliers du Fiel — se bousculeront au portillon pour porter le flambeau de la sarkonnery et faire se gondoler, de rires enfin bien orientés, la France qui se lève tôt. Mon petit doigt me dit que sur l’antenne de Radio Paris, on en a pas fini avec les blagues sur les gays, les féministes, les nègres, les arabes et les communistes.
 
     Communiste, l’est-il, ce brave Mohammed qui, l’autre soir à la Courneuve fut interpellé, et sèchement, pour avoir insulté Sarkoléon en live ? On ne sait. On sait par contre que le jeune homme à l’arrestation mouvementée refusa de s’excuser lors de sa comparution devant le tribunal. « J’ai dit ce que j’avais à lui dire, avec mes mots à moi. » Bilan de l’opération franchise : 35 heures de travaux d’intérêt qu’on dit général. Au final, c’est moins l’insulte proférée par Mohammed — « va te faire enculer, connard », sur le mode Anelka — que le fait qu’il ait refusé, devant ses juges, de s’excuser, qui nous le rend sympathique. Quelques gaillards de Chez Robert, mon bistrot de coin de rue, de ceux qui ouvrent grand leurs claque-merdes après le troisième Ricard, n’auraient pas ce courage. Bravo !
 
     A propos : que faisait-il, nuitamment et comme en loucedé, à La Courneuve, not’président ? Ça joue les fiérots dans le registre « moi, la banlieue j’y vais quand je veux », mais ça ne prévient personne et ça attend la nuit tombée pour un court séjour tout en catimini. C’est, en résumé, lâche, lénifiant, lamentable.
 
     Un peu à l’image, d’ailleurs, de la défense du soldat Woerth, qu’il faudrait semble-t-il à n’importe quel prix sauver. Depuis près de deux semaines pas un jour ne passe sans qu’on en apprenne davantage au sujet du comportement de l’homme au nom sonnant comme un rot, et qui cumula, fut un temps, les fonctions de ministre du budget, celles de trésorier de l’Ump, et celles de mari de la conseillère financière de la mère Béttencourt, première fortune de France. Conflit d’intérêt ? Pensez donc ! Je suis le patron du fisc, la brave bêbêttencourt signe des chèques à l’ordre du parti dont je dirige les finances, en signe parfois d’autres pour mon bénéfice personnel, par ailleurs ma femme organise, contre salaire sonnant, son évasion fiscale, franchement, où est le problème ? Au Sarkozystan, le monde de l’argent et celui du petit personnel politique ne sauraient entrer en conflit : ils se complètent, s’associent, se confondent. L’essentiel est de faire en sorte que cela ne s’ébruite pas. Dans le cas du ministre Woerth, devenu entretemps ministre du travail et donc fossoyeur du système des retraites, ça s’est ébruité, pire, ce qui se murmurait se déclame maintenant à haute voix. Le garçon est carbonisé. Dès lors, nous reste à observer le ballet des pompiers de service, des Lefèbvre et autres Copé, de voir jusqu’à quel point ceux-là sont susceptibles de s’enfoncer dans le déni pour tenter, contre toute évidence, de sauver ce qui reste du grand argentier. Ils le lâcheront bien entendu, quand ça commencera à sentir le roussi sous leurs mocassins anglais. En attendant, goûtons à sa juste valeur le spectacle d’une droite, par nature affairiste, se débattant en ces affres avec la grâce d’une mouette jusqu’au cou mazoutée.
 
     Un peu plus loin sur la planète, celle où, bon gré mal gré, continue de se dérouler la vraie vie, on apprend que les Israéliens vont « assouplir le blocus de Gaza. » Pas plus tard que cet été, seront autorisés à entrer dans la Bande les sodas et les chips… Croyez-vous que je plaisante ? Ce sont pourtant les termes du communiqué officiel. Matériel de (re-)construction, ciment et béton, non, mais chips et sodas, oui. De quoi relancer, à coups sûrs, le processus de paix.
 
 
                                                                                                 Frédo Ladrisse


 
 



 (Tête dans le sable et fesses au soleil, ou l’inverse, l’autruche prend quelques semaines d’un repos pas mérité du tout, mais justement c’est les meilleurs. Tcho et bise, on se retrouve mi-août)               

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