"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Janvier 2010

Friture, merlans, maquereaux et autres Proglio

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Pendant qu’Haïti, tant bien que mal, continue de panser ses plaies, on apprend sans grand étonnement que le pays croule sous les dettes, ce qui n’est pas sans rapport avec l’ampleur de la catastrophe. On apprend par exemple qu’en 2003, le pays avait officiellement demandé restitution des 21 milliards de dollars actuels, rançonnés par la France au XIXe siècle sous prétexte d’indépendance. Une commission guidée par l’ineffable Régis Debray s’était, à l’époque, opposée au remboursement, au motif que cela risquait de donner des idées aux anciennes colonies. Refus avalisé par Chirac. Aujourd’hui, ce fric est toujours dû, et la dette extérieure d’Haïti est détenue à 80% par la Banque Mondiale et le Fmi, lequel Fmi propose, en son infinie générosité, d’en effacer un petit quart, soit le montant des intérêts sur environ deux ans. Merci, Monsieur Strauss-Kahn... La dette, aussi surprenant que ça puisse paraître face aux terribles circonstances, personne, de la Maison-Blanche à Bruxelles, ne parle de l’effacer totalement. C’est la main qui serre les couilles des pays pauvres, la dette, et permet de les tenir tranquilles. Pas question de s’en priver.

     Dans l’histoire d’Haïti, à de nombreuses reprises les puissances étrangères — au premier rang desquelles l’actuel  « sauveur » états-unien —, se sont servit de cette dette comme moyen de pression. Depuis les années 80, les régimes ont valsé au rythme des coups d‘état, en fonction de leur docilité à l’égard de l’Amérique et des occidentaux. Pendant ce temps le Fmi, de plan d’ajustement en plan d’ajustement, prenait soin de ruiner l’agriculture du pays, jusqu’à provoquer une grave crise alimentaire en 2008, suivie d’un exode rural qui vit le taux de chômage atteindre les 60%, et l’avènement des bidonvilles. « Maudite », Haïti ? Etranglée, oui, pillée, mise en coupe réglée par ceux-là même qui aujourd’hui prennent leurs quartiers sur ses décombres. Mais chut !, l’heure est au deuil, au recueillement, aussi est-il malvenu de rappeler ce qui conduisit à l’horreur, aux maisons de tôles s’écroulant sur des gens ne pouvant guère compter sur des secours depuis longtemps démembrés parce que trop onéreux au regard du capitalisme mondial .Horreur, deuil, recueillement ? C’est très certainement la raison qui pousse l’ensemble des grands médias à respecter, au sujet des raisons objectives de ce massacre, comme un assourdissant silence.
 
       Combien Proglio versera-t-il à la campagne humanitaire haïtiano-mondiale? Ce deux fois grand patron ne devrait pas tarder à médiatiser son obole, histoire de se refaire une image, qu’il a grandement endommagée. Mais fi ! Sinistre prince, le patron de Véolia et/ou Edf a renoncé à son double salaire. Ce type est un héros. Ne lui restera plus que les émoluments versés par Edf, soit tout de même 1,6 million d’euros annuels. « Ces très hauts salaires correspondent à un très haut niveau de compétences », glapit Copé, qui s’y entend. Est-ce à dire que les bas salaires correspondraient   pareillement à un très bas niveau, du registre glandouille ? J’ai un très bas salaire, ah ah. Mais Copé, qui n’en est plus à une tartine près, en rajoute dans la confiture : « d’autres régimes ont essayé de faire autrement : c’était il y a une centaine d’années et on sait ce que ça a donné. » En somme, c’est Proglio ou le stalinisme, hein. Eternelle rengaine, qui ne nous fait même pas regretter les grandes heures Thorez.

     D
e son côté, Clémentine Autain, improbable rejeton de Maurice et d’Arlette, s’avoue « lassée » des sempiternelles bisbilles à la gauche de la gauche. Pov’ choute, qui « en a marre du verrouillage du Pcf », en matière de constitution des listes pour les régionales à venir. C’est tout le problème avec les ex-cocos, telle Autain : quand ils se retrouvent victimes d’un système qu’ils ont défendu et nourri des années durant, c’est sur nos épaules que ces drôles viennent chialer. Qu’ils aillent se moucher ailleurs, on ne sortira les mouchoirs que pour leur dire au revoir, adieu, et à jamais.


     On aimerait en dire autant à ce qui reste du Front National, mais il faudra attendre : le bestiau bouge encore, quoi que blessé. Certes, il a des ennuis, notamment financiers, et les avis de saisie commencent à encombrer la boîte aux lettres du siège. Mais qu’importe, pérore le trésorier du parti, lequel répond au joli nom de Walleyrand de Saint-Just : « on mangera du maquereau au lieu de manger du bar », ironise le galant. Quoi, y’a plus de merlan ?


      Tant qu’on est dans la poissonnaille, autant en profiter pour saluer la mère Aubry. Elle fait des prix sur les crevettes, et en profite pour brader les régimes de retraite, qu’elle rêve, elle aussi, d’allonger. « La réalité aujourd’hui, c’est que beaucoup de Français partent à 61 ou 62 ans », a lâché la rombière. En prenant soin, bien entendu, d’éviter de se demander si c’est un choix ou non, en évitant aussi de préciser ce que peut bien signifier « beaucoup de Français. » Parce que ça ne nous fait pas une majorité, ça, encore moins une règle, c’est flou ça, « beaucoup de Français. » L’âge moyen de cessation d’activité, en France, est de 58 ans, point. Même chez les poissonnières. Au reste, ne chargeons pas trop la barque brinquebalante  et déboussolée du Parti qu’on dit socialiste, puisqu’elle n’est pas la seule à dévaler non sans disgrâce le torrent de cette campagne électorale qui, comme de coutume, s’annonce propice aux bourdes, aux lourderies, aux gags. Ainsi la clownesque Jouanno, tête de liste Ump en notre Parisienne Région, déclarait il y a peu et en y allant tout de go qu’« il faut automatiser les lignes 1, 4 et 14 du métro. » Automatisation qui, pour la première de ces lignes, est en cours de réalisation, et pour la 14e réalisée depuis des années. Voilà ce que c’est de vouloir faire peuple ! Quitte à passer pour ridicule, mémère Jouanno aurait tout aussi bien pu exiger l’eau courante et le gaz, à tous les étages.
 
     A tous les étages de la fusée de l’identité nationale (mazette, quel enchaînement !) ça commence à sentir le roussi. Le jour où sortira le bêtisier du débat idoine, nul doute que Gaudin-de-Marseille y figurera en bonne place, lui qui vit, l’autre jour, « 15 à 20.000 musulmans déferlant dans les rues de Marseille », tel un Charles Martel hissé au cul de sa Rossinante. Sonnez tocsins, sur le vieux port, résonnez, marseillaises de tous les pays ! Besson était présent qui, comme d’accoutumée, n’a rien trouvé à dire. Heureusement une femme, se présentant comme une militante « Rpr, heu… pardon, Ump », a su, en sortant de la salle, exprimer le sentiment général qui anime la populace sarkozystique. Ainsi s’est-elle dite « déçue de n’avoir entendu que des musulmans qui, au bout de la troisième génération, ne veulent toujours pas s’intégrer. » Pas de doute, on avance. Et dans le bon sens, encore.  J’en veux pour preuve l’exercice de gerbage yaourteux dont nous ont gratifié les activistes des Panthères Roses, lors d’une de ces réunions de beaufs à laquelle, une fois encore, Besson assistait, tout contrit. Selon ces sympathiques panthères, ce débat « sent le rance, il donne la nausée. » Joignant le geste à la parole l’une d’elle s’est mise à vomir du yaourt à-même la moquette.  Toutes se sont bien évidemment fait sortir de la salle, sous les huées et autres républicaines insultes. Qu’est-ce que ça sera le jour où elles se pointeront en burqa ?
 
     Nul doute qu’elles seront traînées en place de Grève et vouée à la vindicte, bien compréhensible, du peuple. Mais allons-y doucement, si on peut dire : pour commencer, Xavier Bertrand propose « une disposition claire et simple: une personne qui porte la burqa ne pourra pas acquérir la nationalité française. » Et celles qui l’ont déjà, on leur fait quoi, on leur enlève, au même titre que leur bout de tissu ? Déjà, se fait jour le désir de leur enlever tout un tas de choses, au premier rang desquels, selon Frédéric Lefèbvre, « l’accès à un certain nombre de droits, les prestations sociales, les allocations familiales, et les titres de transport publics. » C’est une idée ça, tiens, les priver de bus, les faire marcher, puisqu’on ne peut pas les fouetter. On ne peut pas non plus, pour l’instant, leur imposer le port de l’étoile (ou du croissant) vert. Mais patience, ça viendra.
 
                                                                                               Frédo Ladrisse.
 
Ps : on s’étonnera peut-être que l’autruche passe sous silence le dernier show télévisuel du présidentiel bouffon. Mais face à un non-événement le silence s’impose, non ?  


Fabricatons la rubriquole, surchien !

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Haïti, rien de plus logique, occupe les esprits et la totalité des Unes. Il y a comme ça des contrées dont on serait tenté de penser, si le malheur voulait qu’on soit un brin croyant, qu’elles ne sont pas aimées de dieu. Maudites ? C’est ce que pense Pat Robertson, télévangéliste de son état, pour qui, ça ne fait pas un pli, le séisme dévastateur n’est rien moins que la conséquence d’un pacte avec le diable. Selon lui, il y a deux siècles, les Haïtiens se sont réunis et ont dit au bonhomme à cornes « nous te servirons si tu nous débarrasses des Français. » Ni une ni deux, le diable, qui n’aime pas la France, « a dit d’accord, marché conclu. Depuis, ils sont victimes de malédictions, les unes après les autres. » Une série noire, en somme, qui ne semble pas près de s’achever, puisque les Etats Unis ont dépêché sur place pas moins de 12 000 Gis, plus un porte-avion nucléaire plus je ne sais combien d’agents, quelques uns très spéciaux, des spécialistes, du matériel, des moyens. Commençant par sécuriser l’aéroport de la capitale, ils se sont, de fait, assurés le leadership  en matière de secours, d’aide, surtout de maintien de l’ordre et, plus tard, de reconstruction. Pour la bonne cause, dites-vous ? On verra combien de temps ce contingent mettra à quitter Haïti et à lui rendre sa pleine et entière souveraineté. On en reparlera dans vingt ans, quand le diable aura des dents.

     La solidarité en guise de paravent cachant d’autres vues, moins avouables ? Allons… Il n’y a pas jusqu’au Fmi qui, par le biais de son directeur général j’ai nommé Dominique Strauss-Kahn, ne se tienne « prêt à jouer son rôle avec le soutien approprié dans nos domaines de compétences. » Désolée de jouer les volatiles de mauvais augure, l’autruche n’en trouve pas moins qu’une telle annonce n’est pas, loin s’en faut, une bonne nouvelle pour le peuple haïtien. Nul besoin d’être grand clerc pour deviner la nature du soutien apporté par le Fmi, soutien que l’île, ravagée, ne sera pas en mesure de refuser. Suffit d’être, comme Mike, mon pote lead vocal dans un groupe hardcoreux qui mange des poneys sur scène, un peu au fait des agissements de cette mafia officielle. « Ils vont leur proposer deux ou trois milliards de dollars remboursables sur dix ans, à la condition qu’ils acceptent de privatiser les domaines de la santé et de l’éducation, pour commencer. Et comme les Haïtiens ne pourront jamais rembourser, ils devront aller plus loin, le pays étant sous la coupe des enfoirés du Fmi. C’est trente années de misère, au moins », me confiait l’autre matin ce dévoreur d’ongulés, par ailleurs brillant analyste économiste s’il en est.


     La générosité, la vraie, ce n’est donc pas du côté de New York qu’il convient de la chercher. C’est du côté du Ministère de l’Identité Nationale. Ainsi Eric Besson n’a-t-il pas hésité, dès le lendemain de la catastrophe, a annoncer officiellement la « suspension immédiate de toute procédure de reconduite dans leur pays d’origine des ressortissants haïtiens, en situation irrégulière sur le territoire national. » Et après on dira qu’il n’a pas de cœur… Dans la foulée, ses services précisaient que cette mesure, toute temporaire, était prise « en raison du séisme qui a frappé l’île. » L’aéroport de Port-au-Prince ne serait plus en mesure d’accueillir les charters en provenance de Paris ?


     Fi du mauvais esprit, la barque bessonienne est assez chargée ces temps-ci sans qu’on y rajoute son pavé. On vous entretenait ici, la semaine dernière, de l’opus publié par l’expulseur en chef, une poignée de pages titrée « pour la nation ». Et voilà que de mauvais coucheurs l’attaquent pour contrefaçon et concurrence déloyale, étant donné que ce titre fut déjà celui d’un bouquin écrit par l’avocat Varaut, par ailleurs ordure royaliste, défenseur de Jacques Médecin, de Bob Denard et de Maurice Papon — que du beau linge… Cette nouvelle déconvenue, parfaitement anecdotique, nous donne cependant l’occasion de jouir du spectacle, trop rare, de nationalistes de tous poils se flinguant à bout portant. Les héritiers de Varaut (lequel est décédé) demandent que soit interdite toute réimpression du bouquin de Besson. Ça va devenir un collector comme, en son temps, Mein Kampf


     Collector également, sa dernière proposition : emporté par le flot délirant de son débat débilitant sur l’identité nationale, voilà que Besson propose une « charte des droits et des devoirs », que signeraient les jeunes arrivant à majorité. Elle « édicterait des principes moraux et politiques » et ce serait « un symbole, mais aussi une forme de serment. » Hum, serment, ça ne vous rappelle rien ? Scout un jour, pétainiste toujours !


     Mais laissons-là ce triste sire et ses fantasmes en culotte courte, et rions un peu, ça nous changera, sur le dos de la loi Hadopi. On a appris lundi dernier que le logo de la nouvelle instance a été crée à partir d’une typographie qu’elle n’avait pas achetée. Une typo piratée, donc. Son créateur s’est fait connaître, comme personne ne lui avait demandé l’autorisation de se servir de son œuvre, qu’il avait dûment déposée et que personne, à fortiori, n’avait songé à le rémunérer. L’agence qui a réalisé le logo évoque pour sa part une « erreur de manipulation informatique », ce qui est un peu court. Ils ont pompé, c’est tout, pris les doigts dans le pot de confiture photoshopée les voilà bien gênés. Pirater un artisan-typographe serait donc moins grave que de télécharger la dernière soupe lyophilisée de la multimillionnaire Charlotte Gainsbourg ? On s’en serait douté. Ainsi, nous ne saurions trop conseiller aux éventuels pirates qui auraient maille à partir avec les sbires d’Hadopi d’évoquer, en matière de défense, une bête et simplissime « erreur de manipulation ».


     Restons dans le domaine du high-tech archi-toc et rendons-nous, séance tenante, en l’église londonienne du quartier de la City. En cette enceinte se déroulait, le 11 janvier dernier, un service spécial, au cours duquel quelques 80 traders ont pu faire bénir leurs… téléphones portables. « J’ai prié pour les gens qui utilisent les nouvelles technologies et ceux qui les font fonctionner », a expliqué le prêtre. « Pendant que je priais dieu pour qu’il bénisse ces outils, l’assistance tenait les téléphones en l’air. » Bientôt, de grands bûchers pour brûler windows vista, des cantiques à la gloire de linux, la crucifixion de Bill Gates ?


     M
artine Aubry, elle, ça l’énerve, ces câbles, ces claviers, ces mulots, tout le bordel numérique : à peine venait-elle de finir la lecture du manuel de son minitel modèle 1980, qu’un de ces conseillers lui glissait à l’oreille que des vœux via le net, c’est in. Ah, s’étonnait Martine. Bon d’accord allons-y, dit-elle, non sans appréhension. Ainsi, c’est sur le site du Parti que nous apprîmes que « 2010 sera l’an 01 de la reconquête socialiste » — quelle comique, cette martine…mais où va-t-elle chercher tout ça ! —, et que, lorsqu’ils pensent aux batailles à venir, « les socialistes en frétillent ». Menu fretin exactement, petite pêche pour toutes ces grandes gueules dont l’ambition est l’aliment et les batailles tristement, chichement électoralistes. Qui gardera son poste, parmi ce petit personnel, après les régionales : tel est le seul, le mièvre enjeu agitant la friture.


     Pour Le Pen, l’enjeu est ailleurs. Dernier numéro de claquettes pour le vieux canasson, et mon petit doigt me dit qu’il fera tout pour marquer le coup. Pour l’heure, Sarkozy et Besson faisant campagne pour lui, il n’a qu’à prolonger ses siestes et ses séjours en institut gérontophilopétainiste, se contentant de rappeler que « l’âme française n’est pas partageable avec les peuples qui, paraît-il, veulent vivre avec nous, surtout ils veulent vivre sur not’dos, oui ! » Dans le registre de l’appel non-discret du pied aux électeurs frontistes égarés dans le sarkoland, le verrat peut aller plus loin : « non, la France n’est pas métissée, qu’il y ait des métissages individuels, ça c’est normal, c’est la liberté de chacun de se marier avec des ethnies différentes, mais pour l’instant, les Français de souche, ceux qu’on appelle les souchiens, sont encore majoritaires en France. » Souchiens, c’est joli hein ? Certes, ça sonne un peu chenil, et ce n’est pas très enjôleur. Pourquoi, mon gros, ne pas les appeler les surchiens ?


     Quoi qu’il en soit, la secrétaire d’Etat —rires— Fadela Amara — re-rires—, du fond de sa retraite contrainte fait savoir qu’elle n’est pas d’accord avec Le Pen. Si si, la France est métissée, qu’elle dit. Et de citer « Yannick Noah, Zizou et Dany Boon, qui a un papa kabyle [sic], comme personnalités préférées des Français. » Les beaux exemples que voilà ! Comme la France est généreuse ! Même qu’elle laisse vivre chez elle des Arabes et des Noirs. A condition, évidemment, qu’il s’agisse de milliardaires, diront les mauvaises langues…


     Mauvaises langues également, celles que commence à fatiguer l’autoritarisme sournois d’un Philippe Val qui, à la tête de Radio Paris, laisse entendre à quel degré l’humoriste Guillon l’insupporte. Pour tout dire, il le trouve « odieux ». « Il est faux de dire comme il dit que j’ai été nommé par l’Elysée », brame ce grand cerf blessé de Val, « j’ai été nommé par Jean-Luc Hees. » Lequel Hees fut nommé à la tête de Radio France par Sarkozy himself, ça change tout ? Pas trop. Val, toujours patron de Charlie et vireur de Siné devant l’éternité, avoue ne pas avoir envie « de toucher à Guillon, de mettre les mains là-dedans. » Re-sic ! Selon Kim-Il-Val, toujours, à France Inter « l’actionnaire ne serait pas très bien traité. » Pour Val-taille, l’actionnaire, c’est l’Etat, c’est Sarkozy-Bruni et la multitude de leurs chambellans de pacotille. Personne n’a jamais réussi à faire comprendre à Val le principe du service public, qui voudrait que, par exemple, en matière de radio, l’actionnaire, c’est l’auditeur.


     Un autre, qui aura traversé les palais de la république et pris la pose sous les lambris sans rien saisir de ce que ça implique en terme de renoncement, c’est le pseudo-philosophico-écrivain Luc Ferry. Le pauvre hère, qui en est réduit à courir les talk-shows afin de prouver aux douze membres de son fan club qu’il est encore vivant, expliquait dernièrement qu'« à vingt ans, on rêve de devenir pompier ou ministre. » Et on se branle devant le portrait de Vincent Auriol? Pfff…  Plus loin, celui qui fut tout de même ministre de l’éducation — au même titre que des chacals genre De Robien, Bayrou, Allègre,… —, se laisse aller à une confidence d’ordre hallucinatoire : « moi qui ait bientôt 60 ans, j’ai choisi enfin mon métier : écrivain, fabricateur  de livres. » Il m’achève, Ferry même pas boat (surtout ne jamais ô grand jamais naviguer dans les eaux de ces hommes poissés), j’en ai donc terminaté en la fabricature de cette rubriquole. A vos souhaits.

 
                                                                                              Frédo Ladrisse.

De la pétainophilie et du sort réservé aux exécrables sans-frontiéristes, dans le « monde nouveau » de Sarko

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? En ce début d’année ça caille, et les cons gèlent. Certains poussent la pantomine, vont jusqu’à passer l’arme à gauche, Séguin bien sûr, et n’oublions pas Yves Rocher qui, à n’en point douter sera panthéonisé. Mais le gros des troupes, si on peut dire, a passé sans trop de souci le cap de la nouvelle année. Cependant, qu’on ne s’y trompe pas : Sarko, lors de ses vœux, a prévenu que « les épreuves ne sont pas terminées. » Pour une nouvelle…  Selon l’azimuté de l’Elysée « il nous reste bien du travail », même si « un monde nouveau a commencé à émerger. » Je sais pas vous, mais moi, quand j’entends certaines bouches prononcer les mots de « monde nouveau », ça fait grimper un brin l’aiguille du trouillomètre. 
 
     Un que le passage à 2010 n’a pas inquiété d’un iota, c’est Brice Hortefeux-d’artifice.  Tout content de lui, le Brice : « la tendance à la hausse du nombre des voitures brûlées a été enrayée », claironna-t-il, fiérot. Pas faux : par rapport à la Saint-Sylvestre de l’année précédente, on en compte dix de moins.  Ce qui nous fait tout de même 1137 bagnoles cramées, mais le ministre a raison : quand ça monte pas, ça baisse…
 
     Pendant que les gamins jouaient à molotover la charrette du voisin — ce qui, notons-le au passage, est une bien belle contribution à la lutte antipollution —, Cécile Duflot, secrétaire nationale de Les Verts, prenaient quelques jours de vacances amplement mérités. En toute simplicité. En famille. Aux Maldives. Comme certains aigrefins lui reprochaient  son séjour sur cet archipel menacé  par la montée des eaux et le réchauffement climatique, la tête de liste écolo pour les Régionales à venir arguait que « c’est pas parce qu’il y aura dix pour cent des écologistes exemplaires qu’on s’en sortira. » Dès lors, pourquoi l’être, hein ? « Je suis une femme normale », tenait-elle ensuite à préciser. Pas si sûr, voyez ma concierge, femme normale s’il en est : les Maldives, elle connait pas bien, elle croit que c’est une sorte de légume.
 
     Puisque nous sommes dans les légumes, profitons-en pour présenter nos (meilleurs ?) vœux à Jacques Chirac, qui vient une nouvelle fois d’être mis en examen. Sa rombière s’en est dit absolument choquée : « il sera convoqué de nouveau, je le sais, mais cela me fait très mal », a pleurniché mamie. « Les Français ont choisi le président de la république », a-t-elle argumentée sans apparemment se souvenir que le grand Jacques, justement, n’était plus président. On lui aurait caché pour ne pas la choquer davantage ? « Je ne pense pas qu’il puisse être soumis aux mêmes obligations que les citoyens ordinaires », a enfin lâché Bernadette Chodron de Courcel, épouse Chirac. Elle devrait être rassurée : si jamais c’était le cas, son mari dormirait en taule depuis quelques années.
 
     Il y aurait peut-être croisé, sait-on jamais,  Jean-Marc Rouillan, qui lui non plus n’est pas soumis aux obligations d’un citoyen ordinaire. Il est soumis à dix fois pire. Est-il nécessaire de rappeler que l’ancien d’Action Directe vit derrière les barreaux depuis maintenant 23 ans, qu’ayant bénéficié d’un régime de semi-liberté en décembre 2007 il fut renvoyé en prison dix mois plus tard, au prétexte d’une phrase ambigüe, lors d’une interview à l’Express ? On pensera ce qu’on voudra de cette phrase. On a même le droit, comme l’autruche, de n’en rien penser du tout. Le fait est que Jean-Marc Rouillan, atteint d’une maladie rare, se regarde mourir en prison. Il a demandé son transfert à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où il pourrait être soigné. Comme de bien entendu, l’administration pénitentiaire, en son infinie mansuétude, n’a pas cru devoir donner suite à la demande du malade. Et certains prétendront encore que la peine de mort a été abolie en France… Au reste, c’est moins de mansuétude dont il s’agit ici, que d’application stricte du droit. Une instance judiciaire peut parfaitement se substituer à l’administration pénitentiaire, et ordonner le transfert. On peut toujours rêver : Rouillan a reçu, il y a peu, la visite de deux magistrats du Parquet, et l’un d’eux lui a dit « il est indispensable de faire preuve d’un repentir. Sinon, rien n’est possible. » Tiens, depuis quand l’obligation de repentir figure-t-elle dans le droit pénal ? En outre, c’est bien mal connaître Rouillan que de penser qu’il puisse ainsi renier son passé et son engagement. « l’Etat est prêt à me liquider pour quelques mots, exactement comme je suis prêt à mourir pour une histoire vieille de trente ans », a-t-il répondu au loufiat de la république.  Autant dire que Rouillan ne goûtera pas demain aux plaisirs de la liberté. Alors, il s’est remis à écrire, et publie ces jours-ci un livre sur la prison et la mort (1).
 
     Eric Besson écrit aussi, mais sur un tout autre sujet. « Pour la nation », c’est le titre du truc. Tout un programme, quoi, qui fleure bon le néopétainisme. Dans ce bouquin présenté comme sa contribution au débat sur l’identité nationale, Besson s’en prend à ceux qu’ils nomment « les idéologues postnationalistes, les sans-frontiéristes, ceux qui se disent citoyens du monde. » Diantre, si c’est pas du joli repli franchouillo-franchouillard, ça ! On notera au passage que Le Pen n’a plus le monopole des néologismes visant ceux qui ne partagent pas cette vision passéiste et rance. Le livre, par ailleurs, comporterait de nombreuses coquilles et erreurs. Il a pas trouvé de nègre, Besson, pour relire sa bouillie ?
 
     Il aurait dû demander au maire de Gonneville-sur-Mer (Calvados), sûr que l’édile aurait été ravi de corriger le bidule de Besson. Bernard Hoyé, tel est son nom, a une passion dans la vie : les portraits de chefs d’Etats de la République Française. Comme d’autres collectionnent les maquettes de Messerschmitt, lui entasse lesdits portraits. Mieux, il les expose. Ainsi, en se rendant dans la salle des mariages de la mairie de Gonneville, on aura tout loisir d’admirer les trombines de Chirac, Pompidou, René Coty ou encore… Pétain. Le maréchal trône là, comme au milieu de ses pairs, moustaches au vent et chouette casquette. La Licra s’en est émue, et a demandé à l’élu de décrocher le portrait. Celui-ci a refusé. « Je ne suis pas historien, je n’ai pas à prendre partie », s’est défendu Hoyé, « contrairement à la Licra qui, elle, n’est pas objective. » Voilà, au pays de Besson et Sarko, où en est l’objectivité : tout se vaut, tout est égal, Pétain=Vincent Auriol=Sadi Carnot et certes on ne nie pas la collaboration, mais avouons qu’à ce sujet les juifs ne sont pas très objectifs… Où l’ont voit que la vérole brune gagne chaque jour du terrain, jusque dans les campagnes.
 
     En Italie, la même vérole s’exprime dans la rue. A coup de fusil et de barres de fer. Dans le sud de la botte, la chasse à l’étranger est à l’ordre du jour. « Qu’ils s’en aillent, il faut qu’ils aient peur », éructe un habitant de l’accueillante commune de Rosarno. Jeudi dernier, on dénombrait pas moins de 67 blessés en un jour, dont certains au fusil de chasse. Si vous songez, pour vos vacances, à partir en Calabre, laisser votre petit ami métis à la maison. Ou alors achetez un flingue.
 
     Un peu de légèreté, pour finir ? Cédons alors la parole au chronophile Julien Dray, lequel s’est un peu répandu sur le dos des copains cette semaine. A l’égard d’Arnaud Montebourg, qui l’aurait enfoncé : «un jour ou l’autre on se retrouvera, parce que celui qui crache en l’air finit toujours par avoir le crachat qui lui retombe dessus. » Certes, c’est mal écrit, mais ça a le mérite d’être clair. Quant à Cambadélis, il aurait selon Dray « un problème avec sa conscience, il sera rattrapé par tout cela. » Même l’ancien pote Harlem Désir en prend largement pour son grade. C’est « un apparatchik », devenu « le porte-flingue de Bertrand Delanoë », et Dray de relater : « quand je l’ai connu, il était déjà un peu rigide. On l’avait fait évoluer et là, en fin de vie, il est revenu à ses origines…rigides. » En « fin de vie », Harlem Désir ? Il vient d’avoir 49 ans… Bref, on voit que le Julien a le ressenti solide, et donc n’y va pas avec le dos de la Rolex. Finalement, la Calabre, c’est un havre de paix en regard de la rue de Solferino.       

(1)   
Paul des Epinettes et moi. Sur la maladie et la mort en prison. Jean-Marc Rouillan, Agone, 225 pages, 10 euros.

 
                                                                                             Frédo Ladrisse.




   

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