"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Mai 2011

Canicule, bisounours et désesperados

 
images-copie-46.jpgTirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Deauville, sa plage, son G8. Son Dsk qui, finalement, n’est pas venu puisque retenu pour affaire, mais sa Carla Bruni en tunique blanche telle une oie, gavée, là, engrossée. Deauville : un festival. Pas de cinéma cette fois, ces jours-ci c’est rien moins que la fête à Neuneu. L’agglomération se retrouve, comme à l’accoutumée, placée sous haute surveillance : 14 000 flicaillons pour une population de 4 300 habitants. Il semblerait que les 8 nains régnant sur le bas monde aient légèrement la frousse aux trousses. Sinon Blanche-Neige, comment elle va ? « La première dame, tout sourire, jetait des regards sur son ventre bien en évidence, posant ses mains croisés dessus », nous rapporte, à l’envi, les pages roses du Figaro. Tricotait-elle des chaussons pendant les réunions, cela, la presse ne nous le dit pas. De même qu’elle ne souffle mot, ou quasi et depuis des jours, de la Syrie, du Yémen, de la Libye, ou de ce qui se trame du côté de Fukushima. Aujourd’hui comme hier, l’engeance journaleuse, seule maîtresse abhorre ce qui doit être tu, ce qui doit être su, l’adore. Et nous le fait subir en boucle.
     Même quand elle s’essaie à l’écart, on la voit trébucher sur ses lacets et se vautrer, piteuse, dans les poncifs d’arrière-salle. Exemple, Daniel Mermet, célèbre animateur officiant sur les ondes de Radio Paris-Val. Enregistrant l’autre jour du son en provenance du campement de la Puerta Del Sol à Madrid, le bougre s’est lâché. « Oh, on nous offre une pomme, et en plus c’est gratuit ! Et même de l’eau, hein, c’est gratuit ! Merci, gracias mucho ! » Sic. L’homme ne s’en remettait pas, d’autant de gratuité. Plus tard, le même : « les jeunes Madrilènes, ils ont inventé un langage, lors des assemblées générales ils font des moulinets ou bien des marionnettes avec leurs mains si ils sont d’accord ou non, c’est génial, c’est génial ! » C’est d’autant plus génial que ça existe depuis vingt ans… Vous me direz : pouvait-on attendre autre chose d’un type qui va jusqu’à Madrid pour ensuite nous asséner quarante minutes d’entretien avec des membres d’ATTAC Espagne, quarante longues, très longues minutes d’insipidité dormitive tendant à prouver que, oui, ATTAC a eu raison avant tout le monde? Vous me direz aussi, bavards comme vous êtes, que Mermet se trouve être un des membres fondateurs d’ATTAC, ce qui bien entendu n’est que coïncidence. Vous me direz, pour finir : y-a-t-il, pour le moment, autre chose à narrer au sujet de ces  indignados ? Il paraît que ça se construit, et que ça risque d’être énorme. Je ne demande pas mieux, mais je suis comme vous, j’attends de voir. Au reste, entre indignados calibrés à la mode Mermet/Hessel et désesperados autrement plus remontés —et dont bien sûr on parle moins —, bien malin qui peut dire lesquels prendront le dessus. Pour l’heure, le mouvement semble se bercer d’illusions Bisounours. Mais, pas plus tard qu’aujourd’hui c’est à coups de matraques bien sentis que fut dégagée manu, surtout militari, la Plaça Catalunya, à Barcelone. « La police est là pour faciliter le travail des services de nettoyage », expliquait un condé local, « on enlève tout type d’objets qui peut être dangereux, comme des casseroles. »(voir vidéo ci-dessous) Bien. Dans ce cas, veillez à enlever les tourniquettes à vinaigrette. Mais à quelle fin, déjà, ce grand nettoyage de printemps? C’est que ce soir a lieu la finale de la coupe d’Europe de foutebol, et que si Barcelone l’emporte une vaste fête est prévue à l’emplacement même du campement. En un mot comme en cent, toutes les excuses sont bonnes, et tous les coups semblent permis. Soyons justes : si une telle opération à gros coups de tonfas dans la gueule peut contribuer à déniaiser ceux d’entre les campeurs qui s’acharnent à penser qu’il suffit de s’asseoir par terre pour que la police devienne gentille, ça sera toujours ça de gagné. En Grèce aussi ça bouge, dans d’autres capitales européennes, idem. Paris ? Bof, ça frémit, c’est mol, c’est bouche bée. Or, une place de la Bastille ne se prend pas en silence, les gens. Allons-y gueule ouverte, les gens, et l’été sera chaud. Canicule !
 
                                                                                                    Frédo Ladrisse.



 



Condamnés à vivre dans le réel

 
logo-ps.jpgTirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Cette semaine, la tentation fut surtout d’en entendre le moins possible, afin d’échapper aux tombereaux affligeants dégueulés de la bouche du personnel politique. L’un des leurs a maille à partir avec la justice ordinaire, pour des faits qui, eux, ne le sont pas ? Aussitôt ces collègues entonnent la chansonnette du pseudo saint principe de la présomption d’innocence — oublié, quotidiennement, dans tous les tribunaux de France. Ils s’émeuvent, à s’en étrangler, du sort réservé au bonhomme, et Henri-Lévy, philosophe escroc décolleté, brame goitre au vent qu’il « en veut au juge américain qui a fait semblant de penser que Dominique était un justiciable comme un autre. » M’est avis que ce Croquignol ne tardera pas à en chier un livre, griffonné comme d’accoutumée par son équipe de nègres. Plus tard, c’est Manuel Valls qui s’empourpre à la vue de son chéri menotté, « des images d’une cruauté insoutenable. » Le gars devrait se rendre, une fois dans sa vie, à l’entrée de n’importe quel tribunal de grande instance, il assisterait ainsi au lent, à l’interminable défilé des menottés du jour. Mais il est vrai que nous parlons, là, de « justiciables comme les autres. » Il paraît que même Aubry, Iron woman solférinée, aurait versé sa larme : « c’est profondément humiliant et, personnellement, ça m’a vraiment bouleversé. » Humiliant, les menottes ? Quiconque a déjà porté les pinces sait bien que l’humiliation, c’est le but. Il est vrai que nous parlons, là, d’un humilié pas comme les autres. En résumé, le chœur des pleureuses non seulement nous font mal au bide, mais surtout révèlent une fois de plus leur sens absolu de la caste, de la solidarité de classe, auquel s’associe, chez eux, une méconnaissance toute aussi absolue du réel judiciaire, pénitentiaire, et de son infinie dureté. Selon Marie Drucker, présentatrice de JT, la prison dans laquelle fut incarcéré leur chouchou c’est « l’enfer sur terre. » Il y aurait donc des prisons qui ne seraient pas cet enfer ? Le plus simple serait de poser la question à celles et ceux qui la fréquentent et la connaissent de long temps, à Jean-Marc Rouillan par exemple, qui à contrario de Strauss-Kahn n’y passa pas que quelques nuits. En résumé, on comprendra que le sort personnel de DSK nous importe très peu — et qu’on aurait, de loin, préféré le voir trainer devant un jury populaire en sa qualité de président de cette cochonceté de Fmi —, que nous intéresse davantage ce qui se dit, ce qui se produit, ce qui se révèle, à l’occasion. Si Gérard Mordillat, écrivain, réalisateur et procureur fictif d’un procès Dsk — un livre qui devrait sortir en juin —, si Mordillat, donc, condamne l’accusé « à vivre dans le réel », c’est rien de dire que ses copains méritent la même peine.
     Le réel ? Les prisons. En mai, record historique battu, avec 64 584 détenus. Un score jamais atteint de mémoire de maton. Réponse de Michel Mercier, garde des sceaux à pisse : « nous allons continuer de construire de nouvelles prisons », avec un objectif de 70 000 places à l’horizon 2018. Qui peut le plus, peut le plus encore… Le réel ? Continuons de surtout ne plus parler de Fukushima, dont l’un des réacteurs est partiellement fusionné, sans aucune certitude concernant la cuve, percée. Un sarcophage type Tchernobyl est en cours de construction, et l’exploitant Tepco lui-même, dont le directeur vient prudemment de démissionner — quel courage —, avoue que « le scénario du pire est peut-être en train de se produire. » Le pire, qui est toujours sûr, ne serait pas assez réel pour retenir notre attention ? Le réel, ce serait alors, davantage, être informé de la couleur du bracelet électronique bientôt fixé à la cheville de notre satyre national. Irréel.
 
                                                                                          Frédo Ladrisse.




Rien faire c’est la conserver.

 
Les-Temps-modernes.jpgTirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Selon certains, dont Wauquiez, ci-devant ministre chargé des affaires européennes — quel rapport, direz-vous ? Effectivement, aucun —, le travail, ce serait la santé. Il s’agirait, sans plus tarder, de mettre les feignasses au taf, au premier rang desquels les « bénéficiaires », si on peut dire, du Revenu de Solidarité Active. Sus au « cancer de l’assistanat », clame Wauquiez dont le panache blanc se teinte de vert-de-gris. C’est que le ministre n’hésite pas à se réclamer de la tendance « je ne fais que dire tout haut ce que les Français pensent tout bas », suivez mon regard, appuyé… Quoi qu’il en soit de la lepénisation des esprits fussent-ils ministrés, on ne s’étonnera guère, en cette période de contre-révolution, de Restauration au sens propre, de voir refleurir l’idée de servage. « Quand on est privé de travail, on perd toute dignité », assénait il y a peu Sarko d’un de ces médiatiques balcons lui étant de tout temps, qu’il pleuve ou qu’il grêle, réservé. Dès lors, le La était donné, et la campagne lancée sur l’air du « travailler encore et encore et encore plus ». Pour gagner encore quoi ? Cela, c’est oublié. L’idée est de faire bosser les RSA-isés mais sans les payer, voyez-vous ? Oh, quoi, cinq petites heures par semaine, histoire de les sortir de leur garnis, de leur faire prendre l’air et de leur faire un peu saisir que « si ils ont des droits, ils ont aussi des devoirs », ah mais ! Re-suivez mon regard, n’est-ce pas, quitte à loucher un tantinet : les fonctionnaires qu’on ne remplace pas, ces profs, ces animateurs, ces guichetiers de l’ex-Poste devenue « Banque Postale », ces bibliothécaires, ces assistantes sociales, ces infirmières scolaires ces secrétaires de Pmi (liste à compléter par vos soins), sincèrement n’est-il pas ne serait-ce qu’envisageable de leur substituer de braves bougres, corvéables à merci ? Faut travailler c’est tout, même pour rien : faut travailler, parce sinon nulle dignité. Par ailleurs, Madame, Monsieur, 467 euros de Rsa par mois eh bien, ça se mérite. Ainsi pense Wauquiez, que Fillon et Sarko feignent de contredire, alors même qu’ils l’avaient chargé de lancer ce ballon d’essai — ballon dont on notera, au passage, qu’il n’a pas tellement remué par exemple les syndicats, ni la population. C’est ainsi, c’est l’époque. Elle est au morose et au chut !, à l’échine étrangement courbée, au Tricostéril sur la bouche et dans les oreilles, pareillement, pansement ne pansant rien, utile à rendre aveugle et sourd.
     Mais halte à la déprime : le Parti Socialiste est à notre chevet telle Sœur Sourire et Culbuto, réunis en un seul et même numéro. « Je suis un homme normal, un homme qui a rendez-vous avec son pays », indique ainsi François Hollande. Apportera-t-il des roses (sans poings), sera-t-il, pour une fois, en avance ? Qu’il nous soit permis d’en douter, à l’écouter penser : « je pense que celui qui répond le mieux aux critères que j’ai défini, c’est moi-même. » Hum. A en croire le journaliste ayant cueilli cette phrase appelée à entrer dans l’Histoire, Hollande faisait là de l’humour. Incroyable drille. On rit bien. On rit moins dans le cas d’Aubry, qui voulait l’autre jour faire chialer les chaumières en parlant « de ces trois millions de Français qui ont dû couper le gaz et l’électricité, cet hiver, où il a fait si froid. » Qu’est-ce qu’elle en sait, la mère, du temps qu’on a eu nous ? Elle était aux Maldives.  
 
                                                                                        Frédo Ladrisse.


Martin Circus ou les Rubettes ?

 
images-copie-45.jpgTirant tête hors du trou, qu’entends-je ? J’ai tenté, cette semaine, une expérience extrême. Pour toi lecteur, pour toi lectrice, à seule fin de rassasier ton appétit sans faim pour les gourgandineries et palinodies de palais, j’ai : lu l’Express. Eh oui. Pratiquement de bout en bout, et comme on traverse un désert —une fois qu’on est dans le sable, reste, n’est-ce pas, à s’y enfoncer. Mais j’ai mon excuse, toute trouvée : c’est que Nicolas Sarkozy s’y exprimait, et sur 10 pages s’il-vous-plaît ! Pour dire quoi ? Peu de choses. Une fois retranchées de cette logorrhée les subtilités fausses et absurdités en trompe l’œil du genre « si je doute beaucoup, je redoute assez peu      » — pauvre formule sûrement piquée à Charles Maurras ou à Daudet — pas Alphonse, l’autre, le Léon ; une fois, donc, mises de côté les simagrées simiesques du mâle dominant les jardins de l’Elysée — parterres, dit-on, mièvres et médiocres, aux pâles allures de Jardiland —, que sauver de cet amas de mots? Ceci, peut-être, qui signe l’homme et le livre, comme pieds et poings liés, à la plus saine des vindictes : « plus le temps passe, plus je me sens indépendant de mes amitiés, de mes fidélités. » Etrange aveu en vérité, que celui d’un petit monsieur ayant ainsi choisi comme conduite la tromperie, la duperie et, pour le moins, la solitude. N’est pas Chateaubriand qui veut : le temps, c’est certain mon gars, passe, mais comme disait Brassens il ne fait rien à l’affaire, quand on est… Tais-toi donc, autruchon, claque ton bec, enfin ! paraît que désormais traiter de gros con le chef de l’Etat serait passible de poursuites. Donc, nous l’affirmons: Sarkozy n’est pas gros. « Président de la République, cela s’apprend à chaque minute. C’est si difficile, et si grave », confie le maigrichon au final d’une interview longue comme un jour sans ecsta. Oui, nous sommes d’accord : c’est grave.
     Grave aussi lorsqu’à Gravelines, devant un public de convaincus — en un mot comme en deux, selon —, le même Sarko lâche que « ceux qui veulent sortir du nucléaire, est-ce qu’ils expliqueront aux Français que l’électricité leur coûtera quatre fois plus cher, et est-ce qu’ils sont prêts à trouver les 45 milliards d’euros pour compenser ? » Ils y sont d’autant moins prêts que, renseignements pris, ces chiffres sont purement et débonnairement bidonnés. Peu importe, ça enchaîne dans la bêtise, ça nous martèle qu’ « on n’a pas le droit de jouer sur des peurs moyenâgeuses pour remettre en cause des choix qui font la puissance de notre pays. »  A notre connaissance, Fukushima n’est pourtant pas une de ces bourgades médiévales au charme légèrement désuet, pas plus que Tchernobyl ne fut le nom d’un tournoi de chevalerie d’antan. Mais une fois encore, qu’importe. Au point où il en est de décrédibilité crasse, Sarko pense pouvoir se permettre de dire à peu près nawak, parce qu’il croit qu’on ne l’écoute pas.          
     Grave, également, sa greluche, tentant pour une fois de faire peuple plutôt que people. Elle campait, en pied, dans Le Parisien-le-journal-qui-vous-veut-que-du-bien. « Je ne suis plus du tout, du tout, de gauche », avouait Bruni, laquelle, en 2007, avait pourtant voté Royal : c’est dire comme elle était de gauche. Maintenant, promis, c’est fini : « je suis ultra-sarkozyste », assène madame Sarkozy. Elle nous confie aussi que personnellement elle aimerait bien que Téléphone se reforme, « allez-y, revenez, on vous attend ! » Tout un programme… Quelle horreur, quand on y songe, et quel goût de chiottes aussi : Téléphone, reformé ? Et pourquoi pas, tant qu’on y est, Martin Circus ou les Rubettes? « Je suis égoïste, comme tout le monde », admet ensuite l’ex-femme de gauche. Comme tout le monde ? C’est-à-dire?
      Mais laissons de côté le monde vu par Carla Bruni, et revenons aux choses sérieuses avec des gens, eux, très sérieux : Mélenchon et Besancenot. Ils se sont rencontrés, ils se sont parlé. Se sont-ils, par la suite, aimés ? On ne sait, et on s’en cogne. On s’en tamponne à fond, d’autant qu’une nouvelle de la plus haute importance vient de tomber, à l’instant, sur nos téléscripteurs : finalement, Ben Laden ne sera pas candidat aux prochaines présidentielles.
 
                                                                                        Frédo Ladrisse.



Ah bon, vous êtes styliste ?

 
images-copie-44.jpgTirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Rafle à Marseille, rafle à Paris, on ramasse, à la pelle, les Tunisiens qui trainent. Les paponnades se multiplient au pays des droits de l’homme pur porc, sans émouvoir plus que cela un personnel politique ayant élevé au sein Le Pen, s’estimant désormais contraint de cavaler au cul de la fille cadette. Imbéciles, savent-ils au moins que pendant qu’ici on s’échine à rejeter en mer 3000 (trois mille !) de ses ressortissants, la Tunisie ouvre, elle, grande ses frontières et accueille au bas mot 20 000 Libyens, et dans des conditions décentes ? Générosité, bienveillance et solidarité : ces mots n’ont pas le  même sens, selon qu’on se trouve d’un côté ou de l’autre de la méditerranée. Cependant,  ceux pour qui l’accueil de 3000 étrangers constitue un problème extrême devraient lire de toute urgence le programme de Hollande, François, lequel confiait il y a peu avoir « fait un rêve pour la France. » L’homme qui, visiblement, ne s’est toujours pas réveillé, pourrait les inspirer, puisqu’il propose par exemple d’envoyer les gamins des cités prendre l’air. C’est généreux. C’est bienveillant. Les « emplois francs », qu’il appelle ça. Ça vous a un côté Clovis…  « Un jeune venant d’une zone défavorisée pourrait avoir un statut de salarié particulier, et être employé plus facilement partout en France» Mouais, mais e ncore ? « Il y a des territoires ruraux qui ne demandent qu’à accueillir des jeunes, alors que nous avons une concentration  de population trop forte en Ile-de-France. » Traduction : envoyons les mômes de Bondy, de Bobigny ou des Minguettes à Montargis, Vesoul, Maubeuge. Autant de camps de déconcentration permettant de débarrasser les quartiers de ceux qui gênent, tout en repeuplant les champs de naviots, crédié ! Encore faudrait-il que Hollande parvienne à convaincre les gamins de s’exiler à Bourg-Les-Noix. Fussent-elles de cajou, c’est rien de dire que c’est pas gagné.
      Hollande, donc, rêve. Il se trouve que moi aussi. D’une justice, par exemple, équitable et indépendante : pauvre rêve que celui-ci, salement bousculé par la réalité de magistrats aux ordres pr ononçant un non lieu pour les deux policiers responsables de la mort de deux gosses à Clichy-sous-Bois (2005).Nous disons : responsables, nous disons : policiers. Parce que nous savons tous que ces trous du cul à calot auraient pu éviter ces morts. Leur avocat considère lui que « la petite voix de la vérité judiciaire a fini par recouvrir le tintamarre des leurres. » Déclaration qui ne manquera pas de toucher, jusqu’au cœur, les parents et amis de Zyed et Bouna, carbonisés dans le transfo, sans tintamarre, ni leurre. Tintamarre ? Il se confirme que les flics tuent, ici, hier, là-bas, demain, en toute impunité. Se confirme également le fait que les enfants des quartiers en sont avertis. Et on s’étonne qu’ils s’arment  ?
     Je m’étonne moi, chaque jour, que leurs canons ne soient pas d’hors et déjà pointés sur les cerveaux béchamel de ceux qui, à l’abri des pauvres maisons poulagas, perpétuent les affaires et ramassent la caillasse. Bougre indigent, sais-tu au moins que cette année l’ISF sera réformée, et que, dixit Baroin, « tout le reste, c’est pour 2012 » ? Le reste ? Mais l’abandon du bouclier fiscal, qui ne presse, non, n’est-il point ? Foutage de gueule intégral, et nouveau cadeau pour les riches, pardon : les « petits riches », selon le même Baroin. Fouette cocher, hardi !... sans renoncer à se lancer aux trousses du piteux fretin de la classe à peine supérieure, voilà t’y pas la Sarkozerie qui s’entiche de la Pen et de ces idées saugrenues. Elle n’est malheureusement pas la seule: là, pas loin de mon trou, dans le lycée Auguste Blanqui à débaptiser de toute urgence, un quarteron de nonnes (proviseure et adjointe, en passant par la Cpe), convoquent des gamines et les menacent d’expulsion au motif qu’elles portent des robes longues, signe religieux ostensible selon ces Robespierre de cours de récréation. Des listes circulent, dans ce lycée, de jeunes filles « réputées musulmanes ». Ça ne vous rappelle rien ? Nous voici donc dans un pays où, selon la longueur de la jupe, on vous absout ou vous condamne. « Décidemment, ce n’est pas un style que d’être vêtue de la sorte », a balancé la proviseure. « Ah bon, vous êtes styliste ? », a rétorqué une des filles, avant que d’être, avec ses copines, interdite de cours en l’attente d’une décision de l’administration. On croit, comme Hollande, rêver, alors qu’en fait le cauchemar a déjà commencé.


                                                                                          Frédo Ladrisse.        
 
 
 
 
 

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