"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Mars 2011

J’en suis les filles, j’en suis les gars


Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? De ci de là, les plaintes des cocus ayant, comme un seul homme à cornes, voté Chirac en 2002 quand la peste brune, paraît-il, menaçait de nous submerger. Pacte républicain, qu’ils disaient. Ainsi, c’est  en troupeau qu’ils accordèrent leurs suffrages à l’autre grand couillon, lequel allait s’employer à continuer de nous chier sur le crâne durant cinq pénibles années, tout en préparant l’avènement de ce pétainosarkozysme sous le joug duquel nous suons encore. Ils s’imaginaient, les idiots, que c’était à charge de revanche, que la droite, le temps venu, renverrait l’ascenseur. Les voilà donc fort marris face au Nini de Sarko, ni Front républicain ni Front National, qu’il dit. D’autant plus marrons dans l’affaire que ces tendres bêlants découvrent, sur le tard, qu’une large partie de l’électorat de droite préférera toujours voter pour les fachos plutôt que pour un socialiste, aussi mièvre soit-il. C’est à noter sur nos tablettes, tant c’est promesse de fous rires face aux déconvenues des cornards, à leurs lendemains de second tour, pénibles et dépressionnaires. Pour l’heure, en abstentionniste convaincue, l’autruche ne peut que se réjouir de ce nouveau record de non-vote, tout cantonal qu’il soit.  56% de pêcheurs à la ligne ? Ça ne tient plus, on manquerait de cannes. Il semblerait plutôt que la lassitude, le dégoût, la colère gagnent, qui poussent à fuir les isoloirs. Même les héros sont fatigués : un journaleux demandait l’autre jour entre les deux tours à Copé ce qu’il conseillait de voter dans le cas où Ps et Fn s’opposaient : « on peut aussi ne pas voter », a répondu le garçon. Une fois n’est pas coutume, on est assez de son avis.
     N’empêche, quel embarras, ce FN caracolant. Embarras pour nous tous, c’est une chose entendue, embarras surtout, et de poids, pour une sarkozerie devenue champ de ruines au milieu duquel s’étiole talonnetteman et ses caciques. Où est-il, le bellâtre se vantant d’avoir, en 2007, « siphonné les voix lepénistes » ? Il est à l’Elysée, il est, à son tour, siphonné. Contemplant le désastre, il se distrait d’un rien, par exemple écoute Guéant, ancien oracle patenté et désormais ministre, Guéant le bavasseur, plaignant par exemple « ces Français qui ont le sentiment de ne plus être chez eux », Guéant qui, d’une main mollasse, rédige l’ordre du jour du fumeux débat sur l’islam en France, ou de France, comme aime à l’appeler désormais ce pâle écornifleur. De circonstance, dites-vous, le débat, tombant pile poil à la suite d’une raclée annoncée? Vous avez l’esprit mal tourné.
     Laissons-là le Guéant vert, homme à sornettes s’il en est, et écoutons un peu le silence, tintamaresque, de Longuet : ministre de la Défense d’un pays en guerre depuis deux semaines, Longuet ne pipe mot. Etrange. Est-il aux arrêts, casematé ? Entravé, bâillonné ? Peu importe, le général Pontiès, ci-devant responsable de la vaste opération de com’ nommée Guerre en Lybie, parle pour deux et nous apprend que « l’armée twitte », sic, que « l’armée est sur Facebook, et d’ailleurs vient de dépasser le cap des 5000 amis. » Joli succès, qu’il conviendrait cependant de relativiser : pour une population de 60 millions d’habitants, ça ne nous fait jamais qu’un taux d’amitié de 0,008%. Vous me direz : c’est encore trop. Et vous n’aurez pas tort, d’autant que, des poteaux, elle en recrute, l’armée, jusques et y compris dans les plus improbables lieux : dans les pages du Monde Libertaire on a pu lire, la semaine dernière, un éditorial émanant d’« antimilitaristes forcenés » approuvant néanmoins ces « quelques frappes aériennes », et par ailleurs assimilant l’opposition à cette guerre à « un purisme idéologique assurément bourgeois. »  Diable. Si c’est être bourgeois de ne pas applaudir à la valse des bombes, alors j’en suis, les filles, les gars. Avant d’être passé par les armes, qu’on me permette tout de même de dire qu’en matière d’antimilitarisme on a, et heureusement, connu plus forcené que ça.
                                                                                                                        Frédo Ladrisse.



Petits porteurs de mort.

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Plus encore qu’à l’accoutumée nous assistâmes, la semaine dernière, à un défilé de faux-culs tout à fait admirables, rendus au sommet de leur art. Anne Lauvergeon ouvrit le bal, qui, présidente d’Areva, déclara un lundi qu’on allait « éviter la catastrophe nucléaire, au Japon et ailleurs »  — sans qu’on sache au juste de quel ailleurs nous entretenait la dame—, et sans que cela ne l’empêche, quelques jours plus tard, de vanter l’EPR grâce auquel, selon elle, « il n’y a pas de fuites possibles, quelle que soit la situation. » Plus tard, la drôlesse ravala toute futilité et s’en alla admettre que Fukushima relevait « d’une situation d’urgence absolue. » Ah. Parfois femme nucléocrate varie ? Disons-le, et tout net : elle ne fut pas la seule, en ces jours radioactivés, à cogner de son groin hors nord les boussoles affolées. Il n’est qu’à jeter un œil sur la Une du Figaro, daté du 15 mars dernier: « le drame japonais menace l’avenir du nucléaire », chouinait alors la feuille à merde, propriété de Dassault fils— hasard de l’actualité : nous en reparlerons, de cet avionneur, ici même et dans quelques lignes et pas pour lui baiser l’orteil—, il n’est donc qu’à comparer ce Figaro-là annonçant ceci : serait menacé l’avenir de ce qui risque de nous tuer…, il n’est, dis-je, qu’à le comparer avec les Une du lendemain, celle de Libé : «panique nucléaire », celle du Parisien,  en corps gras : « terreur nucléaire »  (ça se foule pas dans les rédactions) pour en conclure que merde, y faudrait finir par savoir : c’est la fin de la bourse aux matières fissiles, ou simplement la fin du monde ? Rassurez-nous, tudieu ! Nous, actionnaires d’Areva, d’ERDF, de Necto, ne sommes que de petits porteurs (de mort), pourquoi nous mener la vie dure ?
     Tandis que ceux-là geignent, Air France fait des affaires. C’est de bonne guerre nucléaire. Le billet Tokyo-Paris sur ligne régulière coûte, ce jour, 14155 euros. Non, ce n’est une faute de frappe. Quatorze mille cent cinquante-cinq. Un prix de dix fois supérieur au tarif habituel, et susceptible de s’envoler si jamais le réacteur 2, 5, 3, 14 et plus si affinités… explose tout à coup. Y’a pas de petits profits, n’est-ce pas. Autre exemple ? Il n’est pas jusqu’à Sarkozy qui ne cherche à tirer profit du bocson japonais. « Si l’opportunité se présentait, et si les autorités japonaises le souhaitaient », et si, et si… « il va de soi que je me rendrai là-bas. » De soi, il va, bien entendu, ne jamais y risquer ne serait-ce qu’une oreille, car l’homme à talonnettes, bien qu’agité du cervelet, n’est pas plus kamikaze que toi : comment qu’il vous l’avait survolé Haïti, tout en hélicoptère et sans jamais se poser, vous vous souvenez, les copains? Alors le Japon radioactivé, la bonne blague… Dans deux mille ans il va de soi qu’il se rendra, bien entendu, éventuellement, là-bas. Si les autorités le souhaitent.
     L’histoire ne dit pas  s’il y sera accompagné du joyeux boute-en-train dont le nom, pour l’instant, nous demeure inconnu, de ce fameux drille qui décida de faire exécuter, par l’Orchestre de Radio-France, lors d’une soirée de soutien aux nippons sinistrés, l’œuvre de Paul Dukas, « l’apprenti sorcier. » Si. C’est qu’il est taquin, dans la fosse, le chef de l’orchestre rouge sang.
     Plus taquin que l’avionneur et député-maire de Corbeil, on ne saurait trouver. Ce Dassault, dont le nom suffit à nous dégoûter des jeux de mots —arrête ton char, Dassault ? Bof, savez-vous ce qu’il répondit ce Serge Dassault sorry au journaliste lui demandant si ça ne l’empêchait pas de dormir, tous ces zincs vendus à Kadhaf’ et avec lesquels le fondu bombarde depuis des semaines les villes ? « Quand on vend du matériel, c’est pour que le client s’en serve. » Il a dit ça et puis c’est tout, ce Serge Dassault six. De Strasbourg. Sur le coup ça m’a fait marrer, parce que c’est exactement ce que me disaient l’autre soir les amis Richard et Josselyne. Sauf qu’eux vendent des chaussettes en poil de lapin. Et même que dedans, on est bien.
                                                                                                Frédo Ladrisse.
 

La chemise de l’homme heureux ou Fukushima, mon amour

Tirant tête hors du trou qu’entends-je ? Le discours nucléorophile et quasi inchangé depuis l’épisode Tchernobylieux, un discours appliqué désormais au Japon, à ses centrales qui explosent, à ses caissons de confinement qui confinent que dalle, à ses centaines de milliers d’habitants évacués dans l’urgence, mais ça doit être pour les promener leur faire prendre l’air— à ceux contraints de rester on conseille de « ne pas sortir, et fermer les fenêtres, les portes. » Et arrêter de respirer, ils n’y ont pas pensé ? Figurez-vous que, vrai naïf, je pensais qu’on avait évité de construire des centrales nucléaires, bref des bombes à retardement, en des régions hautement sismiques telles le Japon. Simple bon sens. Visiblement non partagé. Du coup, le Japon éternel ne le sera plus très longtemps, puisque d’éternité il ne saurait être question concernant ces larges étendues d’hors et déjà contaminées, mais à ce propos chut, silence : selon un des experts dont on répugne à vanter le nom « le risque de catastrophe nucléaire, dans ces zones, demeure peu probable. » Peu probable, mon cul : d’hors et déjà avérée et avouée ne serait-ce que par les évacuations dont nous parlions plus haut, la catastrophe a bien eu lieu. En mesurer l’étendue prendra plusieurs dizaines d’années, au terme desquelles, bien entendu, on l’aura oubliée. Et c’est bien sur les défaillances de notre piteuse mémoire que comptent les nucléocrates. Demandez, aujourd’hui, à un enfant de douze ans ce que signifie Tchernobyl, il vous répondra que c’est le nom d’un groupe techno slovène.
      Tremblement de terre, tsunami, centrales nucléaires en surchauffe ? Cela n’est rien en comparaison du risque majeur menaçant l’Empire du Soleil Baignant. Ecoutons donc Charlyne Legris, en direct de la bourse de Paris, douze heures après le séisme : « le fait est que l’indice Nikkei connait en ce moment une forte baisse, en d’autres termes, il plonge, et ça, c’est inquiétant. » Ça, voyez-vous, c’est inquiétant. Crucial, indubitablement. Il aurait pas pu, le Nikkei, surfer sur la grande vague, se hisser au sommet de la déferlante ? Pensez-vous ! C’est bien les Jaunes, ça: au plus petit raz-de-marée les bourses plongent, les indices s’écroulent, sans même songer un instant aux actionnaires californiens dont les vacances, du coup, sont un peu compromises.
     Elles le sont d’autant plus que certains de ces retraités de Beverly Hills comptaient bien trekkinger sous peu dans le désert lybien. Pas de chance : Sarkozy a décidé de le bombarder. En treillis vert-de-gris — lequel lui va bien au teint —  le mini Stallone de l’Elysée a déclaré vouloir noyer sous une pluie de bombes Tripoli et tutti quanti. Bigre, diantre, palsambleu !, c’est-y pas de la fanfaronnade, de la belle parade de paon, ça ? Il s’agirait, bien entendu, d’un bombardement de trois fois rien, de juste et de comme en passant quelques « frappes ciblées » évitant, autant que faire se peut, de rayer de la carte les villages habités de paisibles civils. Enfin, ça c’est la théorie : on sait trop qu’une fois dans les airs règnent la bourde, la gaffe, le largage à l’aveugle, le dommage collatéral. Aussi qu’est-ce qui lui prend, à not’président, de vouloir comme ça et tout seul jouer les Zorro des sables ? Chercherait-il à faire oublier quelques retards à l’allumage et autres traînages de pieds lors des révolutions tunisienne, égyptienne? L’excité a, en tous les cas, pris tout le monde par surprise : même Juppé, jeudi dernier, semblait tout à fait atterré par les rodomontades guerrières du Patron. Cependant, qu’on ne s’y trompe pas : ce genre de poussées soudaines autant que militaires ne sauraient pisser loin, étant bien entendu qu’au final les Américains, et eux seuls, décideront. Comme d’hab’. Mais la provocation française aura tout de même réussi à fâcher rouge le père Kadhaf’, au point que ce dernier menace de révéler « un grave secret qui va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale. » Bof, si c’est pour nous ressortir le dossier Woerth/Bettencourt, ça ira bien, on a donné. Cependant, à supposer que cet ex ami de la famille en sache long et bien davantage, ce serait alors assez cocasse de le voir dézinguer Sarko sans qu’on ait, nous, simples spectateurs, à applaudir l’un ou l’autre, en aucune façon.
     Las ! En admettant que Kadhafi soit détenteur d’un tel secret, il n’est même pas certain qu’il tienne sa promesse et nous le révèle un de ces jours : à écouter Philippe Subra —et là je vous demande de bien vouloir vous accrocher solidement au bastingage, car ce que nous apprend ce distingué professeur en géopolitique est proprement ébouriffant — « c’est vrai que les hommes politiques ne tiennent pas toujours leurs promesses. » Puis d’ajouter, sourire canin, « mais qui, dans la vie, tient toujours ses promesses ? » Pas faux. Moi par exemple le premier janvier je m’étais promis d’arrêter les fraises Tagada. J’ai pas pu, j’aime trop ça. Je ne sais si cette fâcheuse absence de volonté eut, sur la diplomatie française, un effet similaire à celui produit, par exemple, par les fastueux voyages d’un personnel politique habitué à serrer la pogne des engeances dictatoriales, mais une promesse est une promesse, et selon Subra toutes se valent. Je promets donc de ne plus en faire. Pascal Boniface, autre géopolitologue, semble moins habitué aux fadaises que son collègue. Invité à se prononcer sur les révolutions actuelles, Boniface livra ceci : « il y a une onde de choc, et elle est mondiale. Elle a commencé dans le monde arabe, certes, mais elle va s’étendre. » Que Bakounine t’entende, Boni !
      S’étendre, d’accord, mais jusqu’où ? Jusqu’à, pour commencer, rendre une visite à Arnault, première fortune de France, lequel Arnault vit, en un an, ses revenus augmenter de 45 %, et atteindre la bagatelle de 41 milliards de dollars. Une petite visite, oui, sur le mode « patron, t’es viré. » Et laisse le chéquier sur la table. On rappellera au passage que dix milliards d’euros, soit moins d’un quart de cette fortune, suffirait à combler le déficit actuel du régime général des retraites. On rappellera également, et pour ne pas finir sur une note trop acide, que l’intelligence ne s’achète pas, la preuve : Carlos Slim, première fortune mondiale, passerait son temps à répéter cette phrase devenue fétiche : « ne restez pas les mains dans les poches en attendant qu’elles se remplissent. » Hum. Okay Carlos, t’énerves pas. Mais si ça se trouve, hein, va savoir : l’homme heureux n’a pas de chemise.
                                                                                          Frédo Ladrisse.



Big joke

Tirant tête hors du sable du désert libyen, égyptien, tunisien, audonien, vesulien qu’entends-je ? C’est un fils de Kadhaf’, beau gosse aux joues bronzées, sous-pull cachemiré sur corps d’ange, athlétique en  diable le rejeton et qui ose, face caméra, décrire un Tripoli tranquille, tout est calme les gars, et puis zéro mort et encore : « vous découvrirez bientôt que tout ce qui s’est dit sur la Libye n’était qu’une vaste blague. » Big joke, insiste-t-il, avec cet accent so british propre aux fils de pourriture ayant traîné leur jeunesse lasse sur les terrains de cricket des meilleures universités. Passons. En cette période, de toute façon, les  big joke semblent devoir dévaler la montagne de nos incertitudes et nous submerger, nous noyer, nous avaler tout cru nous, fantassins piteux d’une réalité à laquelle nous ne comprenons rien — nota bene : si vous ne comprenez rien non plus à la phrase qui précède, pas d’inquiétude, camarades : il arrive à l’autruche elle-même d’entraver queue dalle à ce qu’elle dit. Néanmoins, et toute chose égale par ailleurs —spéciale dédicace à Wally, dont c’est l’expression préférée : toute chose, donc, égale et surtout par ailleurs, les vastes blagues ne manquent pas ces jours derniers, qui ne nous viennent pas toutes du pays des chameaux sauvages, exemple : un membre fondateur du groupuscule d’extrême-droite appelé en son temps Occident vient d’être nommé, par Sarkozy, ministre de la Défense. Longuet, tel est son nom, Gérard est son prénom. Cet increvable défenseur des « valeurs chrétiennes » se retrouve donc à la tête d’une armée empêtrée dans le merdier afghan. Est-ce drôle ? Moyennement. Car il se trouve que le Longuet est également connu pour ses antipathies dès lors qu’il s’agit de l’islam, ou bien pour ses raideurs au sujet, par exemple, de l’homosexualité. Quant à son copain Hortefeux, condamné à deux reprises pour injures ou propos racistes, le voilà bombardé conseiller spécial du palais, en prévision des élections censées reconduire le Grand Vizir dans ses fonctions, l’année prochaine. Dès lors, inutile de demander le programme de la big farce électorale, il est lisible sur leurs fronts. 
     Dans le registre de ceux qui aiment bien rire de tout et même avec n’importe qui, la palme revient cette semaine au maire de Tchita, ville russe de Sibérie. Il se trouve en effet que ce brave Mikhalev, Anatoli de son prénom, par ailleurs membre du parti de Vladimir Poutine, a fait part de ses regrets de chasseur: « malheureusement  on n’a pas de permis pour tirer sur les sans-abris, on n’a donc  pas de moyens légaux pour en venir à bout », a-t-il confié, tout de go. Devant la bronca provoquée en Russie même par ses propos, monsieur le maire s’est senti merdeux, s’est excusé, a précisé pour nous, trop cons, qu’il n’avait pas été compris : il ne s’agissait jamais qu’un de ces traits d’humour, fréquents en fin de banquet, bref, là aussi : d’un big joke.
     On en riait encore lorsqu’un casse-délire nous appris qu’en Côte d’Ivoire, désormais, la guerre civile menait son petit bonhomme de chemin. Que ça s’entretuait là-bas, sévère, morts par milliers et pauvres gens jetés sur les routes, en errance, en danger, sans que ça émeuve plus que ça un Occident ayant d’autres chats arabes à fouetter. C’est qu’il n’y a, en Côte d’ivoire, ni pétrole ni silicium, ni de ces petites choses qui permettent à nos Blackberry de fonctionner correctement, tout en assurant la fortune des dynasties Bouygues et consorts. Où est alors Sarko l’agité, rangé aux côtés de Ouattara il y a quelques mois à peine, où sont ses discours menaçants, ses vindictes, sa verve guerrière? Rentrés. Ravalés. Renfrognés. Ramenés au rang d’un Big Joke. Finalement, c’est fou, en ce moment, ce qu’on peut rire de tout.
 
                                                                                            Frédo Ladrisse
 
 

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