"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Octobre 2011

Un égal, des égouts

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Tandis qu’à Misrata la dépouille de Kadhaf’, exposée deux jours durant sur son matelas de douleur,  a fini par rejoindre la chambre froide d’un quelconque supermarché ; tandis que se posent quelques questions quant à la fin du « guide », flingué tel un pur ragondin au sortir de l’égout — ce qui nous est égal, même si « la pauvre chose criait comme un cochon », selon un de ses gardes du corps, rescapé du massacre —, tandis que se déroulent, sous nos yeux, l’image même pas jouissive de son exécution, la Libye se prépare à appliquer « tout de suite » cette curieuse loi, la Charia. Tout ça pour ça, bordel de dieu. Dans le même temps, en Tunisie, on a voté en masse pour les « islamistes modérés » — hum, contradiction dans les termes. Issue des urnes ou bien des armes, ces démocraties-là semblent bien constituer autant de promesses macabres relativement aux femmes, aux libertés fondamentales. La nuit est-elle en train de tomber sur les révolutions arabes ? S’il est certes un peu tôt pour décréter le crépuscule, le grand jour, au soleil, ça n’est pas pour demain.
      Mais fi des métaphores à la noix de coco ! Passons aux choses sérieuses : c’est à Paris que s’affichent désormais les kalachnikovs, entre rachidatistes et Filloniens la guerre fait rage. Elle : « je suis choquée qu’au lieu de s’occuper des Français et de leur difficultés, il soit en Corée, au Japon. » Lui, par le biais d’un de ses lieutenants : « on se demande si madame Dati est encore dans la majorité. » Houlà, mais quelle histoire… Tout ça parce que Fillon veut piquer la circonscription de la Dati. Où l’on voit à quel point les « difficultés des Français » retiennent au plus haut point l’intérêt de ces sbires et premiers couteaux du sarkozystan-pour-mille-ans. L’Euro est en train de couler, va disparaître corps et bien ? La guerre civile menace en Grèce, avant de s’étendre — espérons-le ! — à d’autres pays européens ? Dati et Fillon, eux, se chamaillent pour le fauteuil qu’il a les plus belles dorures.
     Sinon, quoi ? Ah oui, la naissance de la sarkozette. Ça me fait schtroumpfer, tiens, pauvre gamine ! Ton père, petite, il faut que tu saches, est capable d’une sortie telle : « augmenter le budget de la culture, mais ça n’a pas de sens ! » Petite princesse, il y a donc peu de chance qu’un jour tu lises celle de Clèves. Sinon, quoi encore ? Ah, Hollande. Finalement c’est Flanby qui conduira la gauche à une nouvelle déculottée. D’ici là, nul doute qu’un plan de rigueur, puis un autre, votés par cette gauche-là main dans la main avec la droite, aura fichu la France dans la rue, sur les barricades, révolution massive dont l’image finale sera celle de Fillon rampant dans une canalisation et Sarko fuyant, ventre à terre, direction le Maroc de son ami Mohamed VI, en compagnie de ses potes Dsk et Hollande. A moins que Mohamed, commandeur des croyants —M6replay pour les intimes —, ne soit, entretemps, détrôné ? On peut rêver, ou merde?
 
                                                                                                Fredo Ladrisse.  


Qui a pété mon PEL?

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? De ci de là, reniflements et autres larmes de crocodiles coulant des I-Pod et I-trucs. Il est mort, le divin patron à la pomme vérolée, Steve Jobs, en français dans le texte: Stéphane Emplois. A Paris, Londres, New York, de curieuses personnes ayant du temps à perdre se sont réunies, spontanément, devant les portes des Apple stores, roses blanches à la main et mouchoir noir sur l’I-phone. Un patron casse sa pipe, et certains, puisque c’est de saison, demandent que lui soit rien moins que remis le prix Nobel de la paix, puisqu’«’il a tant changé nos vies ». A titre personnel, je propose que le Géant Vert, qui m’a pourri l’enfance, soit passé par les armes sur l’heure tandis que Monsieur Bricolage, lorsqu’il décédera,  devra être décoré de l’ordre du mérite du dimanche et du samedi après-midi.
       Il semblerait cependant que les fous ne soient pas tous massés autour de la dépouille de l’homme à la pomme, aux pépins. Quelques uns se déplacent encore, prennent le train et poignardent à l’occasion un contrôleur. C’est bête. C’est fâcheux. Compréhensible, cependant : qui  n’a jamais eu envie de poignarder un contrôleur ? Aussitôt, les collègues du poignardé on fait valoir leur droit de retrait et se sont mis en grève. Commentaire de Mariani, secrétaire d’Etat aux transports : « ce n’est pas en arrêtant les trains qu’on arrête les fous. » Et inversement, m’sieur ?
     Quiconque se donnerait en ce moment pour tâche d’arrêter le train des fous se chargerait d’un boulot affolant. Même Elisabeth Badinter semble avoir semé ses neurones sur les rails du grand n’importe quoi : « en dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la laïcité », lâche la philosophe et vieille, du haut de son Alzheimer. Ne lui manque plus qu’à monter, à la Madrague avec Bardot, une université populaire d’extrême-droite. Entre deux débats sur l’identité varoise, il lui sera toujours possible de faire une ballade, sur un âne.
      Et tandis que, nus sous leurs tuniques, les intellectuels franchouilleux cahotent sur le sentier de leurs pensées nauséeuses, de très sérieux messieurs, eux sans ânes ni même tuniques, s’apprêtent à re-re-re-remettre de l’argent dans les banques. « Il y a un sentiment d’urgence, il nous faut aller de l’avant », argumente Olli Rehn, un commissaire européen pour qui il convient d’avancer, quand bien même ce serait droit dans le mur. « Il nous faut réfléchir à la réalité de la situation », chiale le même, qui fouette. C’est que son monde est en train de s’écrouler. Et son collègue allemand W. Schäuble d’enchaîner sur cette « grande inquiétude », sur le risque que « de fortes turbulences sur les marchés financiers ne dégénèrent en une crise bancaire. » Woua, les chocottes, la vache… 2012, fin du monde, et mon PEL dans tout ça ? Nous n’avons rien à perdre, alors on se tape sur le bide à voir les maîtres du monde chier sous eux, et liquide. Mais sachons — nous savons : quelques milliards d’euros s’apprêtent à basculer de nos poches à la caisse des banques, et si tu as planqué vingt centimes dans ton slip elles sauront les trouver.
     Sinon quoi ? Ah oui, les primaires, ces grands singes bondissants d’arbre en arbre, c’est élégant. Les primates socialistes ont donc attiré foule, comme on dit d’une foire au boudin dans la presse locale. Il fallait les regarder, en face, ces culs véreux terreux venant voter Pepsi ou Coca, Carrefour ou Leclerc, « pour une fois qu’on nous demande notre avis » Misère de la démocratie à la petite semaine, bêtises entassées dans une urne. Régal, le lendemain, des commentaires abscons ou proprement surréalistes, tel celui d’Anne Hidalgo, élue parisienne et soutien de Aubry : « je suis sûre que les électeurs qui se sont retrouvés sur Ségolène Royal se retrouveront, demain, en appui, derrière Martine Aubry. » Partouzards, les socialistes ? Alpinistes, plus sûrement. Hollande, pour sa part, semble avoir perdu de vue ce qui, chez lui, plaisait aux filles : « je ne sais pas ce que c’est une gauche dure, je n’ai pas envie d’une gauche dure. » Il paraît que Strauss-Kahn n’est pas du même avis. Pareillement molle tel cornet de frites au sortir de la braderie de Lille, Aubry n’en rajoutait pas moins une couche et demi en matière de cadeau Bonux : « avec moi, il y aura deux changements en un. » Et le troisième c’est gratuit, oui Monsieur, vous l’emportez !
      Il nous fallut pourtant attendre quelques jours pour toucher au sublime, que dis-je, à l’orgasmique billevesée, lorsque, de la bouche de la journaliste et non moins trouducutesque Ruth Elkrief, s’échappa quelques mots évoquant « ce souffle électoral qu’on a senti à l’intérieur de tous les électeurs. » Ok, Ruth. C’est toi qui a pété ?
 
                                                                                                              Frédo Ladrisse.
 
 
 

Boules puantes, remugles et autres flatulences

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Fichtre et mazette de chez mazette, quelle époque et quelle salve ! Dans le désordre, nous avons : un chef flic arrêté pour deal, un juge traîné devant les juges pour avoir trop ouvert sa gueule, un magistrat pas loin d’être mis en examen, des valises de pognon circulant sans souci entre la France et la Françafrique, sans oublier quelques barbouzeries relevant de la haute voltige, telles celles relatives à l’attentat de Karachi, dans lesquelles se révèlent mouillés jusqu’aux coudes rien moins qu’un ex-premier ministre, quelques ministres en exercice et pléthore de potentats, piliers du Sarkoland. Dans le désordre, oui : on ne saurait mieux dire. Brice Horte-contre-feux a beau, suant et postillonnant, s’atteler à calmer l’incendie, il semblerait que ça brase grave. Certes, il n’a pas tout à fait tort de dénoncer «cette avalanche de boules puantes qui se déversent tous les jours», mais le bougre prend néanmoins soin d’oublier sciemment d’où nous vient ce vent sentant la merde. C’est qu’il émane de sa maison, bleue, qui a pour nom Ump et de quelques antiquités, dont le momifié Ballamou.
     Soyons justes : ça ne pue pas qu’à droite. Ils datent, les gémissements de DSK à la téloche chez sa copine chacale Chazal, mais méritent qu’on revienne dessus, qu’on les surligne une fois encore tellement c’est énorme, tellement ça reflue. « J’ai eu peur, j’ai eu très peur », souffle-t-il pour commencer. Et nous donc, ahlala… « Quand vous êtes pris dans les mâchoires de cette machine, vous avez peur d’être broyé. » Ah oui ? Ces mâchoires s’appellent police, justice, prison, vois-tu petit, ça fait bizarre, n’est-ce pas, fait peur. Pas un mot, cependant, de la part du repris de justesse, à l’égard de celles et ceux croupissant dans les geôles. Non, ce soir-là, sous les sunlights, DSK est content : « je suis content, ce soir. » L’ombre d’un regret, pour finir : « j’ai raté mon rendez-vous avec les Français. »  Ensuite, et sans un mot pour celle qui demeure sa victime, le bonhomme s’envola en compagnie de sa pouffe pour quelques jours de vacances dans son palais de Marrakech — oui, le renverseur de ces dames possède un palais au Maroc, un « Riad » comme on dit. Il avait rendez-vous, le pacha, avec les Français ? A titre personnel, j’ai beau fouiller mon agenda, je retrouve pas la date.
     A quelque chose malheur est bon, me direz-vous, même pour lui: le fait d’avoir lâché son sperme sur une femme de chambre  aura au moins permis à Dominique Strauss-Kahn d’éviter le ridicule de devoir concourir lors des primaires socialistes. Je m’explique : ma malsaine, insatiable et cruelle curiosité m’ayant poussé à rechercher, sur le net, les endroits où, en ma bonne ville, allait se dérouler cette consultation, j’ai trouvé : un resto, deux bars louches et deux pizzerias. Pas une école, pas l’ombre d’une sobre salle municipale, dans une ville où pourtant les élus socialistes font partie de la majorité. Mieux : questionnés à ce sujet, deux patrons de troquets concernés m’ont avoué ne pas être, mais alors pas du tout, au courant de l’opération. Ça commence bien, leur affaire, on n’a pas fini de se marrer, à aller se taper un jus en terrasse, le 9 octobre, histoire de se foutre un brin de leur gueule. Mais il y a meilleur encore, il y a le « stylo anti-fraude. » Le bidule est un genre de Bic, dont la particularité est d‘être équipé d’une mini-caméra, se déclenchant dès qu’on s’en sert, même si c’est pour se gratter l’oreille. Au-delà des lobes crados, ça filmera les signatures, ça les transmettra illico vers un genre de plateforme media, vous voyez le genre, et l’intention ? L’autre particularité de cet objet high tech est son prix, tant exorbitant que le PS refuse de le communiquer. Mais pourquoi un stylo si particulier? Pour éviter la triche, qu’ils disent. Pas de doute, au Ps, le maître-mot est : confiance.
Alain Minc lui au moins, n’utilise ni stylo magique ni mini-caméra ni autre James Bonderies de ce genre : sa langue, seule, dès qu’elle s’agite dans sa bouche pour produire quelque chose comme un son, un mot, une phrase, suffit à le dédouaner de toute ambiguïté : le gars est d’une niaiserie cash. «Je suis un nucléocrate, pas un nucléophile, non, un nucléocrate, hein », avoue-t-il, tout à son plaisir. « Je souhaite que la France devienne le grenier à neutrons de l’Europe », gourgandine, pour finir, le Minc. L’homme est bronzé, mais plus très jeune. Dès qu’il ouvre la bouche ça remugle les UV, et la fin de vie sous forme de cancer de l’urètre. Qu’un Fukushimatron l’achève !
     Autre purin aux effluves pour le moins vomitives, celui remué par les parlementaires de l’Ump, sous la conduite de Copé. Les voilà qui proposent rien moins que d’imposer aux jeunes un « serment d’allégeance aux armes », durant lequel ils devront promettre de « combattre pour leur pays. » Le serment concernerait toute personne demandant sa naturalisation, mais aussi, et selon la formule bien glauquissime de Copé, « les Français de toujours. » Spécialiste des ballons d’essai et des provocations — interdiction du droit de grève dans les transports au moment des vacances, redevance télé appliquée aux ordinateurs, extension du statut d’auto-entrepreneur aux agents de la fonction publique,… —, Copé s’est bien évidemment empressé d’enterrer ce projet de serment, dès qu’il eut été annoncé. C’était pour voir, n’est-ce pas, comment « cela » réagirait. C’était, surtout, un nouvel appel du pied à ces « Français de toujours » s’apprêtant à voter Le Pen. C’était, enfin, une façon de remettre l’armée en selle, de la placer au cœur des débats, surfant sur la pseudo victoire militaire en Lybie — la France est ce pays ne gagnant que les guerres qui n’en sont pas —et la soi-disant bonne image dont bénéficierait l’armée, auprès des électeurs. La même semaine, Sarko réactivait l’expérience d’internats pour jeunes délinquants, dirigés par des militaires. Pour mémoire : suite à quelques essais en 2007-2008, l’idée avait été abandonnée à la demande des… militaires. Selon eux, ça ne marchait pas. On se demande bien pourquoi.
     On se demande aussi pourquoi on nous a tant soulés avec cette histoire de Sénat qui aurait, soi-disant, basculé à gauche. La bonne blague. Pour un oiseau tel l’autruche, pour qui le NPA se situe au centre-droit, on comprendra que l’élection d’un membre du parti socialiste à la présidence du Sénat soit un non-évènement, un courant d’air, une flatulence.
      On se demandera, pour finir, pourquoi le jour où un squat brûle à Pantin — sept morts, de nombreux blessés, Tunisiens, Libyens, Egyptiens —, le jour où l’usine chimique de Rouen, sœur jumelle de l’AZF de Toulouse, explose et connait de sévères fuites d’ammoniaque — inévitable scénario décrit par le copain Levaray, ouvrier là-bas à Rouen, dans son bouquin « Putain d’usine » qui date de 2001 !, pourquoi, oui, on se demande, les journaux radios et téloches ouvrent tous sur Strauss-Kahn et sa confrontation avec Tristane Banon. A quelle heure est-il arrivé, dans quel type de voiture ? Portait-il son costume bleu Calvin Klein, était-il coiffé raie à droite ? On se demande, vraiment.
 
                                                                                                Frédo Ladrisse.                  

  

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