"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Octobre 2012

Le rat et les pigeons : fable

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je? Il n’aura pas fallu longtemps après la parution des résultats de la désormais cultissime expérience menées sur des rats de laboratoire, pour que l’industrie Ogm ne sorte l’artillerie lourde. 200 rats, suivis sur deux ans et nourris d’Ogm ont, pour une grande partie d’entre eux, développés des tumeurs mortelles. Et alors ?, semble répondre Jean-Didier Vincent, neurobiologiste de salon, membre de L’Inra, du Cnrs, chevalier du Mérite Agricole, ce qui incontestablement vous pose le bonhomme. « On sait que les rats utilisés sont des rats qui développent naturellement des tumeurs », entame notre lobbyiste. « Ecoutez, on n’est pas des rats », poursuit-il, tout à ses affaires, « si les Ogm détruisaient les populations humaines, ça se saurait ! » Ça se saurait d’autant plus sûrement qu’on peut compter sur ce genre de bougre pour, bien sûr, nous en informer. Mais le Chevalier du Poireau n’en a pas terminé : « c’est facile, de s’en prendre à Monsanto, eux, ils ont les moyens de faire pression sur les gouvernements. » Sic. Mais curieuse est la phrase, comme un ensemble de mots se prenant les pieds dans le tapis, non ? Pour finir, cet appel, ce cri : « nous, qu’on nous laisse créer des Ogm propres, et voilà ! » Et voilà quoi, mon Jean-Didier ? Après l’amiante propre, après le nucléaire propre, le sang contaminé propre la vache folle mais propre le Médiator propre,… serait-il possible, s’il-vous-plaît, de nous éviter le calvaire des Ogm « propres » ?
     Une saloperie qu’on aimerait bien, elle aussi, voir disparaître, ce sont ces connards de pigeons qui dégueulassent tout, qui sont moches, qui sont cons et qui sont partout. Ces Ubus de trottoir, il faut voir comment ils se la pètent ! Suffit qu’une vieille folle leur refile un quignon, et ça roucoule, c’est le roi du monde ! Bien entendu, je ne parle pas ici de nos amis à plumes, délicieux avec des petits pois, de ces inoffensives bestioles aux déjections acides, non non, je parle du collectif virtuel de petits chefaillons d’entreprises naines, de ces nuisibles s’étant eux-mêmes baptisés « les pigeons ».
     C’est qui ? C’est trois trouducs, tyranneaux de bureau dirigeants de start-up — ça existe encore, ça, les « start-up » ? Oh, mais alors ça veut dire que Mylène Farmer chante encore, et vive les nineties ! — une petite palanquée de branleurs planqués derrière leur Mac et bien instrumentalisés, juste pour voir, par le Medef. Là, surprise : il aura suffit d’un pauvre texte de ces boutonneux se plaignant d’être trop taxés pour que Hollande, Ayrault, reculent et revoient leur copie. On rêve… « On nous prend pour des pigeons ! », ont chialé les fils à môman. Mais non, vous n’êtes pas des pigeons, imbéciles : vous êtes des rats. Et n’avez pas besoin de passer par le laboratoire pour développer vos tumeurs.
   La vieille qui nourri les pigeons, c’est donc le Parti Socialiste. Quelque chose me dit que les cinq ans à venir de ce blog pourrait, si je n’y prenais garde, tourner à la chronique hebdomadaire des renoncements multiples de Hollande et ses moussaillons. Où en est, à ce sujet, la promesse d’accorder le droit de vote aux étrangers ? Il a suffi que la droite susurre à l’oreille de Valls que « ce n’était pas le moment » pour que Hollande remise le tout dans sa culotte. En France, on a peut-être la droite la plus bête du monde, mais ce qui est certain c’est qu’on a désormais la gauche la plus froussarde.
     Le projet de loi sur le mariage homo fera-t-il pareillement les frais de cette frilosité ? C’est rien de dire que la droite monte au front sur ce sujet, entre Lebel, maire du 8e arrondissement de Paname, pour qui « le mariage gay pourrait ouvrir la voie à la polygamie, l’inceste et la pédophilie »,  entre le sempiternel Vanneste et la Boutin qui en remet une couche, on ne saurait où donner de la tête, tant l’offensive est générale. Pendant ce temps, la coterie socialo-écolo achève ses toasts et se lèche les doigts, sans être tout à fait certaine d’avoir envie de se battre pour les droits d’une minorité électoralement servile. Affaire à suivre…
     Se battront-ils, au moins, contre les ravageurs, les champions de la fermeture, du plan social et du chômage, Mittal, Sanofi et consorts? Rien n’est moins sûr. Frileux un jour, frileux toujours, ce gouvernement mol a prévenu : n’attendez rien de nous, on verra dans quatre ans. Ce que Montebourg-la-Reine résume parfaitement en cette odoriférante formule : « dans mon pays, on dit : c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses. » Bien. Mais ces vaches-ci commencent à chier dès le début de ta foire Arnaud, et le moins que puisse nous dire nos narines est que ça pue.
     Oui ça pue, et pas seulement lors des comices patronnées par Montebourg-moi-le-mou. Ça pue quand Copé se lâche sur le racisme anti-blanc, sur les « voyous qui arrachent des mains d’un petit enfant un pain au chocolat, au prétexte qu’on ne mange pas pendant le ramadan » (traduction de la fable: musulman égal voyou égal racisme anti-blanc égal appel, grossier, du pied, aux fachos de tout poils), ça pue lorsqu’à Marseille un campement Rom est dégagé par une milice locale, les effets personnels laissés sur place brûlés, sous l’œil goguenard des flics locaux. Ça pue quand, dès le lendemain et puisque Marseille donne l’exemple, des habitants de la région de Lille se regroupent à 700 pour, à leur tour, vider un campement Rom : « si ils viennent chez nous, on va les exfiltrer ! », lance un habitant du quartier, militaire à la retraite… Ça pue lorsque Peillon, ministre de l’éducation, annonce son projet d’opérer un rapprochement entre l’école et l’entreprise, et ceci dès la sixième, et ceci sans que ça ne trouble quiconque, si ce n’est un syndicat d’enseignants vigilants, malheureusement bien isolé. Ils sont où, les parents ? Ont-ils réellement envie que leur môme se retrouve stagiaire-larbin dans la boîte qui a foutu à la porte leur père, leur mère ? Peut-être en ont-ils envie, après tout. Désormais, l’essentiel n’est-il pas d’avoir un boulot, à défaut d’un salaire ?
     Et, puisqu’on parle d’école : le même Peillon qui vient de remettre au goût du jour « l’enseignement de la morale à l’école » — une vieillerie de barbons très troisième république —, ce Peillon-ci a veillé à ce que soient, durant cette rentrée, appliquées les réformes des programmes décidées par son prédécesseur. Ainsi, on a expliqué à ma fille qui cette année est en troisième que seules quatre heures de cours seront consacrées à la première guerre mondiale, et pas davantage à la seconde. C’est que le gros Bertrand avait jugé, l’année dernière, que le programme d’Histoire de troisième « manquait de positivité »… Ainsi, dès cette année, davantage d’heures seront consacrées au fordisme et au taylorisme, histoire de verser dans le « positif ».
     Restons-y, tiens, si je puis dire, dans le positif bêtasson : selon une récente enquête d’opinions, 47 % de Français se déclareraient « nostalgiques de Sarkozy ». Et de Pétain, combien ?


                                                                                                 Frédo Ladrisse.


 

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